> À la lecture de la tribune de Najat Vallaud-Belkacem parue le 18 mars dans Le Figaro, titrée « Libérons-nous des écrans, rationnons Internet ! » nous avons été choqués par une vision caricaturale du numérique ponctuée d’affirmations outrancières, ainsi que par la brutalité des mesures qu’elle propose.
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> L’autrice commence sa tribune par une pétition de principe. Nous aurions tous un problème et il est évident. « Ce problème, c’est celui de nos rapports aux écrans, et, plus concrètement, à Internet ». Nouveau bouc émissaire pour tous les maux de notre société, facteur aggravant en « écologie, discrimination, inégalités, harcèlement, éducation, savoirs et cultures », Internet semble avoir inventé le mensonge, le harcèlement, la haine et la pollution.
> Le droit d’accès à Internet fait partie de la grande famille des droits fondamentaux : il garantit le droit à la liberté d’expression et de communication qui s’exerce aujourd’hui principalement en ligne. La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme foisonne d’exemples !
> Une illustration parfaite est d’ailleurs celle de la vidéo virale de lycéens et de professeurs de la Seine-Saint-Denis qui ont dénoncé l'état indigne de leur établissement et à la suite de laquelle les professeurs visibles dans cette vidéo ont été convoqués au rectorat pour explication. **Alors que le numérique permet de dénoncer l’inaction de l'État, il semble que le vieux monde tente de se venger des alertes permises par le nouveau.**
> Pour l’autrice cependant, les enfants ne feraient que pâtir d’internet et c’est ainsi qu’elle agite les risques d’addiction aux écrans pour promouvoir sa « grande idée » : « Si nous savons que nous n’avons que trois gigas à utiliser sur une semaine, nous n’allons sans doute pas les passer à mettre des commentaires haineux ou fabriquer des fake news». Le remède ? Celui du père Fouettard : nous punir, c’est pour notre bien.
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Au lieu de promouvoir l'éducation populaire au numérique, d’encourager à la création d’une grande filière de collecte et de valorisation des équipements numériques usagés, de travailler à des villes intelligentes plus inclusives ou à l'éthique des algorithmes des plateformes, Najat Vallaud-Belkacem semble fière de sa vision simpliste, toxique et moraliste... mais c’est pour notre bien et celui de la planète.
> Alors, prenons le sujet de la « pollution » ! Le numérique en France consomme environ 10 % de notre électricité, moins de 1,5 % du CO2 émis : 35 fois moins que le transport. Avec l’énergie d’une recharge de téléphone, on ne parcourt que 100 mètres en voiture. Est-il vraiment pertinent de brider l’accès à un réseau mondial qui, intelligemment utilisé, permet à la fois d’améliorer et de décarboner le reste de nos activités, par exemple par l’usage de la visioconférence et du télétravail ? Le numérique n’est pas immatériel et repose sur des infrastructures bien physiques. Pour autant, comprenons-en les effets d'échelle vertueux inégalés et reconnaissons ses externalités positives, y compris en termes environnementaux.
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