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De la difficulté de comparer les prix des imprimantes à jet d'encre

Lundi 22 fevrier 2010

Scandale n°1 : La qualité des imprimantes se dégrade

A l'époque où j'avais un Macintosh LC 4/40, j'avais une des premières imprimantes à jet d'encre, la Stylewriter d'Apple (fabriquée par Canon si ma mémoire est bonne). Elle prenait très peu de place sur le bureau, et a eu une qualité d'impression noir & blanc top moumoute du début à la fin, avec des contours parfaitement nets et des noirs profonds. Et elle a duré de longues années. (PS: L'horrible machin devant l'imprimante pour réceptionner les feuilles était heureusement totalement rétractable sous l'imprimante, on pouvait très bien s'en passer. L'imprimante étant verticale, on gagnait beaucoup de place sur le bureau.)

Ensuite, sur PC, j'ai eu une Epson Stylus 600 couleur qui m'a servi fidèlement pendant plus de 7 ans sans faillir, puis la qualité d'impression s'est rapidement dégradée, jusqu'à ce qu'elle soit bouchée à mort.

Mon beau-frère a acheté l'Epson Stylus 720 (même gamme que la 600, mais plus récente): Non seulement ça imprimait moins bien, non seulement ça faisait un bruit de légo sur le point de se démantibuler, mais en prime elle est morte en moins d'un an.

C'est moi ou bien la qualité de fabrication s'est réduite comme une motte de beurre en plein soleil ? Je suis déçu que les fabricants aient autant rogné sur la qualité.

En design industriel, ça s'appelle l'obsolescence programmée et ça fait partie de la phase de conception du produit. La même chose s'applique aux machines à laver le linge: Il ne faut pas être surpris de la courte durée de vie des nouveaux modèles.

Scandale n°2 : Le prix de l'encre


Et encore, la qualité merdique des imprimantes elles-mêmes n'est rien à côté du scandale du prix de l'encre. Comparer les coûts de revient des imprimantes à jet d'encre est presque mission impossible:

  • Certaines imprimantes sont plus gourmandes que d'autres.
  • La consommation dépend également de ce que vous imprimez, et du mode d'impression (brouillon, normal, qualité photo...).
  • La capacité des cartouches n'est pas la même selon les marques (certaines marques allant même jusqu'à vendre des cartouches de différentes contenances).
  • La capacité des cartouches (en millilitres) n'est de toute manière jamais indiquée, et même si elle l'était, j'ignore si elle prendrait en compte la mousse (imbibée d'encre) contenue dans les cartouches.
  • Certaines imprimantes (ou pilotes d'imprimante sous Windows) vous obligent à changer la cartouche même quand il en reste (C'est aussi pour cela que j'imprime sous Linux).
  • Les imprimantes ont des cycles de nettoyage différents (qui consomment également beaucoup d'encre).
  • On ne sait pas - au final - combien de pages permet d'imprimer chaque cartouche.

Tout cela rend les comparaisons difficiles. Le tableau suivant est donc à prendre avec des pincettes, mais il a le mérite d'exister. J'ai donc pris 2 modèles d'entrée de gamme chez 4 grandes marques, avec le prix des cartouches (cumulées si ce sont des cartouches couleur séparées).

Prix des imprimantes et cartouches
Tarifs trouvés sur ldlc.com et rueducommerce.com au 2010-02-22
Marque, Modèle Prix imprimante Prix cartouche noire Prix cartouche(s) couleur
Canon Pixma iP2600 40,95 12,9 16,9
Canon Pixma iP3600 64,95 8,9 26,7
Epson Stylus S21 44,95 7,95 20,7
Epson Stylus D120 Pro Edition 77,58 9,9 29,7
HP Deskjet D2660 47,95 12,9 14,9
HP Deskjet D5560 81,38 12,9 14,9
Lexmark X2670 39,99 17,95 22,89
Lexmark S305 79,9 19,95 44,85


Un dessin valant mieux qu'un long discours, voici un graphe fait par mes soins:


Que peux-t-on remarquer ? Dans la majorité des cas, le prix des cartouches (noir+couleur) revient à plus de la moitié du prix de l'imprimante. Donc dès le second achat de cartouches vous aurez dépensé plus en cartouches que le prix de l'imprimante elle-même. Le pompon va à Lexmark qui arrive à dépasser le prix de l'imprimante au premier achat de cartouches. (On comprend mieux les paquets d'imprimantes Lexmark bradées en tête de gondole dans certains supermarchés.)

Pour résumer: On nous prend pour des cons. Le prix de l'encre est plus élevé que celui du sang humain, c'est du délire.


Image par clementine@reflectionof.me

Quand acheter une imprimante neuve revient moins cher qu'acheter des cartouches constructeur, on peut se dire qu'il y a un gros problème.


Un exemple trouvé au hasard sur le net:
Cartouche noir+couleur=37,94$. Imprimante neuve+cartouches noir+couleur = 30$.

Et bonjour l'impact écologique.


On notera tout particulièrement la grande classe des pilotes d'imprimante pour Windows qui comptent le nombre de page et refusent d'imprimer au bout d'un moment, même s'il reste encore de l'encre (limitation à la con qui se contourne facilement en imprimant sous Linux (bon toutou !) qui imprimera jusqu'à la mort des cartouches.)

Scandale n°3 : Les pratiques anticoncurrentielles

Alors bien sûr pour éviter les cartouches constructeur hors de prix, il y a 3 solutions:

  • Les cartouches sans marque (censées être compatibles)
  • Les systèmes de rechargement de cartouches (petites bouteilles avec une aiguille ou une canule pour réinjecter de l'encre dans vos cartouches)
  • Les systèmes d'alimentation en continue (la tête d'impression est reliée par des tubes à des réservoirs sur le côté de l'imprimante)

Problème: Certains de ces systèmes sont fiables, d'autres non. Certains se sont retrouvés avec des imprimantes bouchées à cause d'encres bas de gamme. Bien malin le consommateur qui saura s'y retrouver dans toutes ces offres. Il est possible de s'en tirer avec des encres à bon prix, mais cela reste risqué (et adieu la garantie constructeur si vous utilisez ces encres).

Et encore, quand c'est possible ! Car certains fabricants ont inclus une sorte de DRM: Une puce électronique spéciale dans toutes les cartouches, reconnue par l'imprimante. A quoi elle sert ? Tout d'abord, à faire reconnaître la cartouche par l'imprimante: Certains modèles d'imprimante refuseront d'imprimer si vous ne mettez pas des cartouches de la marque. Ensuite, ces puces permettent à chaque cartouche de mesurer sa propre consommation, ce qui vous empêche de les recharger en encre (la cartouche refusera d'imprimer, même pleine). Tout est bon pour bloquer la concurrence.

Quant aux quelques boîtes qui se risquent à fabriquer des puces compatibles, elles se prennent des procès dans la tronche. Bref... tout ce qu'il faut pour forcer le consommateur à acheter les consommables constructeur. Je pense que si ça avait été possible, les fabricants d'imprimantes auraient été ravis de vous obliger à utiliser leur papier.

PS: Un internaute me signale deux cas où - à cause de ces puces électroniques - même les cartouches officielles de la marque ont été refusées par l'imprimante ! (HP et Epson). C'est encore mieux que je pensais.

Alors on fait quoi ?

Tout cela fait du monde des imprimantes à jet d'encre un gigantesque foutage de gueule. Que faire ? Choisir d'autre techniques d'impression ? Pourquoi pas.

  • Les imprimantes lasers ont toujours eu une excellente qualité d'impression, et on en trouve désormais à moins de 70€ en noir & blanc. Mais en couleur ça reste cher.
  • Les imprimantes à sublimation sont généralement basés sur des films colorés, ce qui rend les consommable chers. Et les formats d'impression restent petits.
  • Les imprimantes à encre solide (ou à pain d'encre) ont une excellente qualité d'impression mais les imprimantes elles-mêmes sont encore trop chères (529€ pour le modèle de base chez Xerox). Les consommables sont a priori bon marché, même s'ils paraissent chers (106€ pour 6 pains de noir, par exemple, mais ces 6 pains sont censés imprimer 6800 pages)
  • D'autres techniques, comme cette imprimante digne de Gaston Lagaffe qui peut effacer et ré-imprimer ? Oui, mais seulement sur un papier spéciale. Et de toute manière c'est trop cher (4000€ l'imprimante, 2,4€ la feuille).

J'avoue que je suis bien tenté par les imprimantes à encre solide, mais je ne suis pas prêt à y mettre 500€. Va pour une jet d'encre, mais pas sans examiner soigneusement les prix des consommables.

Dernière question: A l'époque de ma StyleWriter, la tête d'impression était sur la cartouche elle-même. A chaque nouvelle cartouche, j'avais donc une tête d'impression toute neuve. Résultat: Une qualité d'impression irréprochable, jamais de buses qui se bouchent, et aucun besoin de passer un temps monumental à faire des cycles de nettoyage (qui en plus bouffent plein d'encre). Est-ce qu'il reste encore des imprimantes de ce genre ?

Globalement, les imprimantes à jet d'encre c'est quand même l'enfer.


Mise à jour 23 février 2010: Après un peu de recherche, je suis tombé sur ce fil de discussion de plusieurs utilisateurs d'imprimantes à encre solide. Il semble que ces imprimantes posent un certain nombre de problèmes (temps de chauffe, consommation électrique, gaspillage d'encre, bruit...). Ce n'est donc pas l'idéal.

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