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Les enjeux de l’utilisation du libre dans l’éducation vus par un étudiant

Wed, 04 Jul 2012 15:44:40 +0000 - (source)

(Attention, article long)

De l’importance de former à des usages, non à des outils, du point de vue d’étudiants.

Ce texte aura pour but d’analyser les freins et les enjeux de l’utilisation du logiciel libre et des formats ouverts dans l’enseignement et l’éducation nationale en France, du point de vue d’un étudiant ayant été dans le système scolaire français de nombreuses années.

Le constat de départ est simple : Durant mes années d’études (IUT (public) – Licence (public) – École d’ingénieur (privé)), j’ai pu voir que les solutions logicielles préconisées et utilisées étaient toutes liées à Microsoft®. Je ne ferai pas la liste des aberrations que j’ai pu observer, tant elles sont nombreuses. La dernière qui me viens en tête est amusante, c’était dans ma dernière année d’école d’ingénieur : nous avions un mémoire de fin d’études à rendre (le thème que j’avais choisi était de faire un bilan de l’utilisation du logiciel libre dans l’éducation en France, comme quoi, le hasard fait bien les choses), et la police d’écriture préconisée était Times New Roman (police propriétaire Microsoft®). Une petite anecdote, qui montre bien le décalage qu’il y a entre les volontés des intervenants, des chefs d’établissements, privés comme publics, et des enjeux que peut représenter l’utilisation de ressources et de logiciels libres dans l’éducation.

On entend peu de critiques de Micro$oft dans les médias français. Les rares qu’il nous est donné d’entendre, sont formulées soit par antiaméricanisme primaire, soit par répulsion pour son fondateur, Bill Gates, soit par technophobie. Quid des méhodes commerciales utilisées, proches du trust, du monopole et de la vente liée matérielle/logicielle ? On n’entend rien à ce propos. D’une part, parce que pendant longtemps des solutions alternatives étaient réservées à une « élite » (MacOS par le prix, Linux par son coté technique). D’autre part, grâce à des méthodes s’apparentant plus à un chant de sirènes qu’à des programmes marketing (le fameux FUD). Cependant, depuis quelques années, le logiciel libre se démocratise. L’utilisation de logiciels libres augmente de manière exponentielle, tant dans le milieu personnel, grâce à l’action de Mozilla, de l’APRIL, de Canonical, ou autres associations de défense du logiciel libre, et dans le milieu professionnel, grâce à la réputation de stabilité et d’efficacité de logiciels comme Apache, PHP…

Bref, Microsoft® n’est plus la seule solution viable. Dans de nombreuses universités publiques françaises, sont distribués des DVD comportant une collection de logiciels libres à destination des étudiants. Des cours sont donnés aux étudiants informaticiens, à propos des enjeux du libre, du développement C++ sous environnement UNIX, et bien d’autres. Un master, le master I2L existe depuis quelques années, qui forme au développement et à l’utilisation du logiciel libre et au modèle économique libre. Mais même si des initiatives comme celles ci sont prises, elles restent malheureusement marginales.

Pourtant, pourquoi tant pousser à utiliser des logiciels libres dans l’éducation et l’enseignement ? Quels sont les enjeux d’utiliser des formats ouverts, ainsi que de former à des usages, et non à des outils ? Les enjeux sont simples et multiples.

Le premier enjeu que l’on peut énoncer, le premier qui vient à l’esprit, c’est le coté financier. Cela peut paraître terre-à-terre de l’énoncer comme cela, mais c’est la réalité. À l’ère où on se rend compte des limites du capitalisme, ou des budgets s’écroulent, ou des états entiers voient leur conditions d’emprunt dictées par des entreprises américaines, à l’époque ou des gouvernements en crise sont obligés de serrer la ceinture, et d’étrangler leur propres populations de taxes, de réduction de salaires et de plan de rigueurs, cet argument me paraît cruellement d’actualité. Aucun coût de licence, que ce soit pour un poste ou une centaine, pas de coût de logiciels hors de prix, comme des suites bureautiques, ou des logiciels de sécurité… De plus, l’utilisation de systèmes d’exploitation libres permet de donner une « seconde jeunesse » à des matériels informatiques trop vieillissants pour faire tourner des copies de Microsoft® Windows. Par exemple, les distributions GNU/Linux sont réputées pour être bien moins gourmandes en ressources que Microsoft Windows Vista® ou Seven®. Les matériels informatiques sont moins souvent renouvelés, et quand ils le sont, c’est à moindre coût.

Un second enjeu envisageable serait l’enjeu sécuritaire. En effet, il est reconnu que les logiciels libres, de par le fait que leur code source est accessible et modifiable par n’importe qui, sont plus sécurisé que des logiciels propriétaires. Prenons l’exemple du navigateur Web Mozilla Firefox : Un navigateur web open source, ce qui signifie que tout le monde a accès aux sources du logiciel, et peut repérer les failles de sécurité (pour les plus expérimentés), les signaler à Mozilla, voire même proposer des patchs. À l’opposé, le navigateur propriétaire Internet Explorer, intégré par défaut dans chaque version de Microsoft®, voit ses failles de sécurité rester béantes pendant des années. De plus, les systèmes d’exploitation libres sont immunisés contre les virus, vers et autres malwares. En effet, le système de permissions de fichier est conçu de telle façon que tout virus effectif sous Microoft Windows® serait inoffensif sous GNU/Linux par exemple. On peut imaginer par exemple une salle libre service, avec des PC tous connectés à Internet à disposition des étudiants. Équipés uniquement de systèmes d’exploitation Microsoft Windows®, tout les postes seraient extrêmement vulnérables sur Internet, à l’heure ou les malwares sont de plus en plus complexes et de plus en plus résistants.

On peut également considérer l’enjeu éthique : Le logiciel libre permet une indépendance face aux grands acteurs américains. À l’heure ou Google, Microsoft®, Apple, proposent des produits de plus en plus avancés, les éditeurs français sont très en retard. Mis à part dans le logiciel libre. L’utilisation de logiciels libres permet de développer un pôle de compétences français, de favoriser des prestataires en logiciel libre locaux, en se passant des éditeurs nord-américains. À l’heure ou on nous rabat les oreilles jour après jour avec les crises financières successives, avec l’emploi qui va mal, il me parait que cet enjeu reste capital. De plus, et pour revenir au monde de l’éducation en particulier, l’école se doit d’être l’école de la vie, et enseigner une certaine éthique, de partage entre autres. Une telle éthique qui correspond tout à fait aux valeurs du logiciels libres.

Grâce à l’utilisation de logiciels libres et de formats ouverts, l’utilisateur s’assure que ses fichiers seront toujours utilisables. On appelle cela l’interopérabilité. Si on prends l’exemple du format ODT (Open Document Text), face au format DOC, format propriétaire Microsoft® : Le format ODT est compatible et exploitable avec la plupart des suites bureautiques et traitements de texte disponibles (OpenOffice, LibreOffice, Google Docs, Abiword, KOffice…). Même Microsoft® a du s’y mettre. La suite Microsoft Office® est désormais capable d’ouvrir les formats OpenDocument. Même en cas de disparition d’une suite logicielle, toutes les autres existent encore. À l’inverse, la sérénité du format Doc n’est pas assurée. En effet, il pourrait être supprimé par Microsoft®, et remplacé par un autre format. La prochaine suite Microsoft Office® pourrait ne plus supporter le doc, au profit du docx par exemple. Microsoft® pourrait couler, laissant des centaines d’utilisateurs piégés de leur format propriétaire…  Cet exemple, bien que hautement improbable, s’est déjà vu avec d’autres logiciels. Un logiciel qui utilise des formats de données propriétaires soumet les utilisateurs à son utilisation, et si le logiciel venait à disparaître, laisserait les utilisateurs captifs, avec leurs fichiers inexploitables…

Malheureusement, sur le papier, c’est bien beau, mais la pratique est toute autre. L’absence de directives officielles du ministère de l’éducation ou du gouvernement, le manque de formation en matière de logiciel libre et de standards ouverts du personnel enseignant, et l’absence de soutien des projets étudiants associatifs font que le logiciel libre ne parvient pas à trouver de place dans l’utilisation de l’informatique dans l’enseignement supérieur. À la veille des élections, on ne peut qu’espérer que la donne change…


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