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J’ai perdu confiance

Wed, 19 Nov 2014 18:21:41 +0000 - (source)

Ma curiosité est mon plus gros défaut. Ma soif de savoirs est ma malédiction. Ma recherche de moyens à rendre le monde meilleur m’expose ses faiblesses et me révèlent les catastrophes à venir, tel un trailer de mauvais film d’horreur au goût de navet. Nous vivons dans un mélange, dans une soupe qui tantôt vous amènent à l’optimisme, tantôt à une sévère misanthropie. Je ressens à la fois de la fierté et de la honte dans mes actions, un double sentiment de vanité et d’auto-flagellation productive. Je tiens à vous assurer que je ne suis pas sous les effets d’une drogue, si ce n’est ceux du tourment intellectuel mêlés aux plaisirs artificiels du chocolat.

Nous vivons avec nos valeurs. Chacun·e d’entre nous a sa propre morale, sa propre éthique, ses propres opinions, ses propres combats prioritaires. Moi et nombre de mes lecteurs habituels attachent par exemple une grande importance au partage de la culture et au respect de la vie privée, ce qui fait que nous pouvons nous rallier pour dénoncer les effets de dispositifs législatifs tels que la Hadopi ou la LOPPSI. Nous étions ignorés, voire raillés, traités de conspirationnistes paranoïaques. Pourquoi de tels sujets n’ont pas fait plus réagir ? Parce que leur futilité était avérée et connue ? Parce qu’il y avait « des sujets plus importants »© ? Parce que nos détracteurs avaient un intérêt direct au status quo ?

Nous avions raison à souligner l’inutilité de la Hadopi, cette « pauvre » petite haute autorité administrative qui a même réussi à se mettre à dos les mafias de l’industrie culturelle qui ont été à son origine. Pourtant, l’heure du bilan n’a toujours pas sonné.

Nous avions raison à signaler que le blocage de sites par injection administrative aux FAI ne se limiterait pas à la pédopornographie: c’est désormais un dispositif applicable au terrorisme et aux jeux d’argent, avec quelques signes que ça allait s’étendre à des sujets tels que le sexisme, le racisme et l’homophobie. Nous avons beau affirmer haut et fort que s’opposer au blocage administratif ne signifie absolument pas que nous cautionnons les contenus visés, le « vous défendez les pédophiles / vous êtes avec les terroristes » est leur argument capital pour passer les lois en force. Le ver est si profondément dans la pomme démocratique que le blocage des sites « terroristes » ne se verra pas même constitutionnellement vérifié par le Conseil Constitutionnel, à croire que le faux droit constitutionnel à la sécurité balaye tous les autres droits.

J’en viens à affirmer ici-même que Mitsu est un algorithme capable de pseudo-conscience tel un Marlowe survitaminé, juste pour éviter la peine à une hypothétique Police de la Pensée de rechercher une personne demain, dans 10 ans ou dans 100 ans, pour des propos et des pensées tenus en 2014 et avant. Sur l’internet rien ne s’oublie, et cela est à la fois le plus grand allié du peuple et son plus grand ennemi.

Je n’ai plus confiance en la communication

La communication, historiquement, a toujours accompagné le développement économique et intellectuel de la population. L’internet ne fait pas exception à cette règle, et tous les jours je suis en admiration devant les acquis de l’internet, et du potentiel qui se révèle à moi petit à petit. Mais comme dans toute révolution, il y a les révolutionnaires, et les conservateurs. Dans la communication, je relève que certains exploitent la révolution à des fins lucratives (Google, Facebook,..), et d’autres à des fins sécuritaires (NSA,…). Or si la NSA est capable de tout collecter, partout, tout le temps, sans forcément avoir un but dans cette collecte, c’est bien parce que les acteurs du but lucratif sont devenus des géants incontournables, sur lesquels la NSA peut mettre ses crocs.

Peut-on seulement fuir ces géants, peut-on s’exclure de la collecte massive de la NSA ? La réponse est non: on ne peut que réduire, décentraliser, diluer. Par exemple, DuckDuckGo et StartPage/Ixquick se servent respectivement des moteurs de Bing (Microsoft) et Google, tous deux bien « NSAisés ». Surfer sur le web sans la MOINDRE dépendance avec Google relève du parcours du combattant. J’ai perdu confiance. Je me sais sous enregistrement, je me sais sous surveillance, je me sais oiseau dans une cage dorée.

Je pourrais utiliser exclusivement Freenet, pourtant je continue à utiliser le web et -folie suprême- je m’exprime sur ce blog.

Je n’ai plus confiance en la république et ses élus

Je n’ai de mots assez durs envers la république et ses représentants. Je vomis littéralement sur l’argument du « moins pire système politique », car il excuse les dérives de ce système romain. Peu importe sa « couleur politique », peu importe ses idées, le président de la république française est un monarque suprême aux pouvoirs colossaux, inaugurés par un militaire suite à un coup d’état, et perverti par ses successeurs -tous masculins. Quelle folie touche les français, à chaque fois que 10% d’entre eux font arriver au pouvoir un énergumène spécialiste de la vocalise et expert en rien ? Quelle mouche pique les français pour qu’ils en viennent à idolâtrer un présidieu, actuel ou passé ? Par les effets de quelle drogue les français considèrent t-ils normal de confier le pouvoir législatif à des copains aristocrates, ploutocrates et gérontocrates du présidieu ? Par quelle Télétubbinerie est-il correct d’insérer des textes dans la loi alors qu’elles sont votées par une dizaine de députés, quand l’Assemblée en compte 577 ?

Je pourrais participer à l’instauration d’un régime démocratique par sélection aléatoire, pourtant je continue à me cantonner à l’abstention.

Je n’ai plus confiance en l’économie

Keynes, tes théories sur la macro-économie ont été triturées, dérivées, manipulées et torsadées dans tous les sens jusqu’à l’absurde. Il est urgent de trouver un nouveau système économique, défavorisant l’accumulation de la richesse, tout en favorisant la préservation des ressources disponibles. Pour que le « profit pour le profit » ne signifie pas la ruine complète de l’humanité et de la vie sur Terre. Pour que les humains n’aient plus de travail, car cela est mon souhait. Je vous enfoncerais vos « ressources humaines » dans vos narines de Picsou, tiens. Je ne veux plus travailler pour travailler. Je ne veux plus travailler pour vivre. Je ne veux plus faire travailler pour vivre. Je veux juste vivre. Laissons le travail aux machines. Donnons tout le travail aux machines. Et vivons nos vies, comme tous les autres êtres vivants.

Je pourrais travailler sur les algorithmes robotiques qui prendront en charge tout le labeur humain et qui réguleront les humains, pourtant je n’ose affronter le regard des humains qui qualifieront mes travaux de « pur terrorisme à la Matrix »

Je n’ai plus confiance en les monnaies étatiques

..et c’est là peut-être mon opinion la plus simple dans sa conception et la plus redoutable dans ses effets. Qui dit échange économique dit échange de valeurs, de devises, de monnaies. C’est quelque chose que je pratiquais déjà très tôt, à une autre échelle: j’échangeais un Phanpy contre un Mimigal. Ce système de troc de Pokémon, institutionnalisé par Nintendo et son appareil maléfique (le câble Link, un truc tout con qui coûtait la peau du cul car propriétaire), initiait déjà nombre d’entre nous aux valeurs relatives des biens. Un Pokémon gagnait par exemple en « valeur » en fonction de sa rareté à l’état sauvage, de sa difficulté de capture, de son niveau natif et obtenu, de ses capacités, de son objet tenu, de son apparence rare (shiney) voire sa maladie (PokéRus). Fallait voir les négociations que ça donnait, on aurait dit Gazprom et le contrat de gaz pour l’Ukraine.

J’ai connu le passage à l’Euro, et bien que cette monnaie unique a grandement favorisé les échanges avec nos voisins européens et ailleurs dans le monde, j’entendais souvent que « tout devient plus cher depuis le passage à l’Euro ». Je faisais mes calculs et effectivement, avec le taux de 1 € = 6,56 Francs, les prix ont sensiblement augmenté. Encore maintenant j’entends des gens faire des conversions avec ce taux et conclure que « oh la la 120 Francs, vous vous rendez compte ! ». J’en conclus que de nombreux gens ne sont pas habitués au concept d’inflation, vous savez, ce truc qui fait que vous consommez plutôt qu’épargnez, et que les allemands ont raison de garder à un niveau limité. Car je vous assure qu’avec le Franc, le prix actuel d’une baguette de pain irait chercher dans les ~150 Francs. Vous pensez que j’abuse ? Je vous assure qu’on aurait déjà connu une hyperinflation en France, avec une potentielle ruine de toute l’économie. L’Euro a retardé cette échéance parce que les allemands ont la tête sur les épaules et qu’ils savent que trop bien ce qu’il en coûte de laisser une hyperinflation galopante tout balayer sur son passage jusqu’au point où être multi-milliardaire signifiait toucher le salaire moyen.

L’Etat a le contrôle sur la monnaie étatique à plusieurs niveaux, il peut ainsi « injecter » de la monnaie dans l’économie (concrètement ça signifie faire apparaître comme par magie des Euros disponibles à taux bas que les banques peuvent emprunter pas cher pour les re-prêter à des tiers) et il se finance sur l’impôt et les taxes, perçus dans cette même monnaie. Voilà le plan de Keynes avec « l’Etat-providence », financer l’économie grâce à l’investissement et la consommation. Or, quand on ne peut plus investir faute de croissance (et donc faute de taux d’intérêt intéressants), les salaires ne progressent pas, la population s’appauvrit et la consommation baisse, ce qui réduit les taxes et limite l’impôt, qui à son tour vient grever les finances publiques qui pourront moins investir etc etc etc. C’est une catastrophe en devenir en France, parce qu’il n’y a jamais eu autant de chômeurs (→ consommation en baisse), que la croissance est nulle (→pas de fonds à réinvestir), que cela force à emprunter à taux hauts (→augmentation de la dette publique), et que c’est une vraie poudrière. Qu’on se le dise: la dette publique de 120% du PIB des États-Unis d’Amérique ou celle de 260% du Japon n’empêchent absolument pas ces deux pays de fonctionner à peu près bien économiquement: tant qu’il y a de la musique, tout le monde danse.

Mais quand la musique s’arrêtera ? Ça se passera comme à Chypre en 2013: confiscation des dépôts bancaires des entreprises et particuliers. Pas les plus riches, déjà domiciliés sous les horizons suisses ou bahamiens. Cet événement a été l’électrochoc pour moi: Timo a parfaitement raison de strictement limiter son utilisation de comptes en banque. Car d’une perte de confiance en les monnaies étatiques découle une perte de confiance au système bancaire. Ma banque ne verra dans ses livres que les Euros que je dépenserai à court terme, toute mon épargne sera en Bitcoin ou autre chiffromonnaie, ou en métaux précieux (bijoux). Car j’ai confiance dans la précision mathématique des chiffromonnaies et la rareté des métaux précieux.

Je pourrais couper tous les ponts avec l’Euro dès maintenant, pourtant j’ai encore une MasterCard rattachée à un compte bancaire d’une banque qui fait 75% de son chiffre d’affaires au Luxembourg (officiellement).

Je n’ai plus confiance en moi-même

Sans arrêt, je fais des actions contraires à mon éthique.

Tout cela me pèse dernièrement. Tout cela me fait douter. Tout cela me ronge. Et je n’ai comme consolation que les catastrophes à venir m’impacteront bien moins que la majorité de mes congénères. Misanthrope, vous dis-je…

Mitsu, 19 novembre 2014


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