Autoblog de non-droit.org

Ce site n'est pas le site officiel de Laurent Chemla
C'est un blog automatisé qui réplique les articles de non-droit.org

Régulez, y’a rien à voir.

Thu, 23 Aug 2012 11:44:35 +0000 - (source)

Il semble que ces derniers temps, dans une optique étonnemment marxienne pour un gouvernement socialiste, on parle beaucoup de régulation du Net.

Car on sait bien que l’homme est un loup pour l’homme, que les méchants sont, eh bien, méchants, et que tout organisme social détruit les plus faibles au profit des plus forts, ce qui contraint le chef – forcément éclairé – à établir par la force et par la loi des règles de vie en commun.

La régulation.

Et tant pis si, depuis sa naissance et surtout depuis son formidable essort des 20 dernières années Internet a toujours démontré sa résistance à toutes les dérives  ci-dessus présupposées: s’il ne l’a fait il le fera, forcément, parce que, eh bien… Parce que.

On craignait que le commerce ne prenne la place de la libre expression. On a vu l’inverse. On craignait qu’AOL ne devienne le portail forcé du Web. On connait le résultat. On était sûrs que la publicité envahirait nos écrans, il a suffit d’un petit plugin pour la faire disparaître. On voyait Microsoft imposer son propre HTML propriétaire, on en rit encore. Netscape devait tuer les navigateurs libres, il est mort.

Où étaient nos régulateurs ces 20 dernières années, et comment Internet   a-t’il pu survivre sans eux ? A se demander, finalement, si nos présupposés ne seraient pas, tout simplement, des mensonges qu’on nous a fait avaler pour mieux nous imposer des contrôles (mais je n’irai pas trop dans cette   direction libertaire). Ou plus simplement que la mise à plat des anciennes hiérarchies verticales a permi d’exercer – un peu – certaines des libertés que nos constitutions étaient supposées nous garantir (mais pas dans les faits faut pas déconner).

Et que ces libertés nous ont permis (à ces « nous » qui formons ce réseau) de choisir un peu de notre avenir en nous apportant tout à la fois le savoir et le choix: le savoir quel était le danger, et le choix d’aller voir ailleurs.

Un tel état d’a-régulation ne saurait durer, et, dans une récente chronique à succès, Gaëtan Poupeney nous le répète encore: si vous n’acceptez par d’être régulés, bande de petits chenapans, vous serez mangés par le grand méchant Google (ou Apple, ou  Microsoft, ou Wanadoo ou AOL, #oupas).

Je passe les techniques de basse manipulation qu’il emploie pour convaincre que son employeur est le mieux placé pour nous gouverner: c’est de bonne   guerre (enfin, disons que pour une 1ère année de maternelle es régulation  c’est un bon élève). Mais sur le fond ?

Rien. Ou plutôt si, toujours la même chose: tremblez braves gens et donnez-nous le pouvoir sinon vous serez mangés par les méchants.

Ca fonctionne depuis toujours, ce truc, dès qu’on est plus de trois.

Sur Internet, pourtant, le plus fort n’est pas forcément le plus puissant (il suffit de voir la liste des disparus et la « puissance » de leurs remplaçants quand ils ont commencé leur carrière). Ni le plus méchant (j’attends toujours de voir Netscape devenir  hégémonique). Sur Internet, le plus fort, eh bien, le plus souvent c’est simplement le plus utile.

Le plus utile, le plus adéquat à un instant donné, celui qui saura le mieux respecter les  besoins des utilisateurs, celui qui saura le mieux s’adapter à un monde dans lequel, pour de bon, le peuple est le roi.

Introduire là-dedans une régulation, quelle qu’elle soit, quelle que soit sa forme et ses  promesses, c’est réduire à néant ce pouvoir: ce ne sera plus le peuple qui sera aux  commandes et qui choisira par qui il   sera mangé (ou plutôt qui il mangera  ensuite), mais un tiers qui sera  nommé on ne sait par qui, ni pourquoi. Plutôt que de  dire, haut et fort – par la loi s’il le faut – qu’à contrario de toute « régulation » c’est de stricte neutralité dont Internet a besoin, il faudrait laisser ce tiers décider de ce qui est bon, ou pas, pour nous.

Nous avons ce qui s’approche le plus d’une démocratie réelle. Et, nous dit-on, de plus en plus fort et de plus en plus souvent, il nous faudrait, pour la conserver, en faire notre deuil.

Comprenne qui pourra.


Powered by VroumVroumBlog 0.1.32 - RSS Feed
Download config articles