Le but de cette page est de synthétiser, clarifier et documenter les raisons techniques, économiques et politiques (passées et présentes) pour lesquelles je ne veux plus remettre les pieds sous Windows et pour lesquelles je n'arrive plus à faire confiance à Microsoft. Chacun des points est argumenté et (quand cela est possible) donne les liens correspondants, tout comme je l'avais fait à l'époque pour Apple.
Cette page n'est sans doute pas exhaustive.
Il y a de nombreuses sources citées dans cette page, mais prenez-les tout de même avec des pincettes: Il n'est pas impossible que certaines informations aient été montées en épingle. Notez que cela n'empêche pas l'ensemble du tableau d'être suffisamment noir pour motiver ma décision.
Je trouve cela dommage, car il y a des gens très compétents chez Microsoft, et certains projets sont vraiment extraordinaires, mais tout cela est pollué par les décisions économiques, politiques et techniques de merde.
D'autres sociétés (Google ou Facebook, par exemple) mériteraient qu'on s'y intéresse sous le même angle.
PS: Oui je connais Windows. J'ai pratiqué Windows depuis la version 2 (oui oui, 2) à 7 en passant par 3.0, 3.11, 95, NT4, XP et suivants.
Microsoft s'est arrangé avec les fabricants d'ordinateurs pour imposer la vente de Windows sur les machines neuves, à tel point qu'on lui a donné le nom de «Taxe Microsoft»: Essayez donc d'acheter un ordinateur sans Windows, vous m'en direz des nouvelles !
(1)
Ce petit manège continue avec la complicité du gouvernement français, bien que la vente liée soit illégale (article L122-1 du Code de la consommation).
Et bien sûr l'acheteur n'est pas informé du coût de Windows dans son achat, bien que cela soit également illégale (article L113-3 du Code de la consommation).
Cette «taxe Microsoft» est également nuisible à ceux qui souhaitent travailler sous Windows. Démonstration:
Vous avez déjà un ordinateur sous Windows. Vous avez donc déjà payé votre licence Windows.
Le jour où vous changez d'ordinateur, étant donné qu'il est quasi-impossible d'acheter un ordinateur sans Windows, vous allez re-payer Windows malgré le fait que vous possédez déjà une licence. Au cours de votre vie, vous aurez ainsi payé plusieurs fois Windows.
Microsoft participe activement au BSA.
Le BSA (Business Software Alliance) est un groupement d'éditeur (Microsft, Oracle, Adobe, Apple…) qui lutte contre le "piratage" de logiciels. En France, c'est une association loi 1901.
Leurs méthodes sont quasi-mafieuses:
Lettre de menaces aux entreprises pour se mettre en règle par rapport aux licences logicielles (considérées par certains comme de l'extorsion).
(1) (2)
Proposition aux employés de dénoncer leur patron en échange d'argent.
(1) (2) (3)
Accès
illégaux aux systèmes informatiques des entreprises en utilisant la peur et saisie du matériel (Membres du BSA se présentant aux portes des entreprises et effectuant des contrôles sur les licences logiciels des ordinateurs de manière totalement illégale, puisque le BSA n'est qu'une assocation).
(1) (2)
Afin d'instiller la peur du piarage, le BSA a même déployé des camionettes bidons bardées d'antennes pour faire croire qu'ils pouvaient détecter à distance les logiciels piratés.
(1)
Ces pratiques ont d'ailleurs valu au BSA sa dissolution par les autorités en Belgique.
(1)
Désinformation concernant le Logiciel Libre, avec comme exemple cette énorme campagne de Microsoft de 2007 qui clamait haut et fort que Linux enfreignait 235 brevets de Microsoft, avec menace de procès à la clé.
(1) Le but était clair: Faire peur aux entreprises qui auraient envie de passer de Windows à Linux (car "Utiliser Linux = risque légale").
(2)
Un grand jeu de
FUD par rapport au comptage des failles de sécurité
(1).
Microsoft joue à miner les technologies concurrentes.
En plein essort de Java (concurrent d'ActiveX de Microsoft, à l'époque), Microsoft a sorti une machine virtuel presque compatible Java pour Windows et Internet Explorer… mais pas tout à fait. Le résultat ? Les applets Java fonctionnaient mal dans Internet Explorer. La conclusion des utilisateurs ? Java ça marche mal. ActiveX ça marche bien. Bien joué.
En pleine concurrence
OpenDocument (format libre OpenOffice/LibreOffice) / OpenXML (format Microsoft), Microsoft a sorti un plugin pour Microsoft Office permettant de lire et écrire les document OpenOffice. Mais le plugin était
suffisamment mauvais pour être inexploitable sérieusement. Tellement mauvais que même l'alliance OpenDocument a demandé
(1) à Microsoft de retirer son plugin. Trop tard. La conclusion des utilisateurs ?
Le format OpenDocument, ça marche pas bien. Le format OpenXML, ça marche bien.
(2)
Le plus ironique, c'est que pendant que Microsoft essayait de pousser son format bureautique OpenXML soit-disant "ouvert" auprès de l'ISO, il déposait dans le même temps un brevet sur «
Stockage de documents de traitement de texte dans un unique fichier XML pouvant être manipulé par les applications comprenant l'XML» (Brevet qui a heureusement été rejeté.)
(3)
Ces deux cas ressemblent terriblement à une stratégie pour plomber la concurrence en faisant mine de la supporter.
Si je ne reproche pas à Microsoft d'essayer d'innover et concurrencer des standards existants, je lui reproche de torpiller activement les concurrents. Avoir besoin d'enfoncer les autres pour se mettre en valeur, c'est malsain (et c'est particulièrement visible dans la guerre OpenDocument/OpenXML qui s'est déroulée).
Microsoft abuse du système des brevets dans le but de toucher plus d'argent, ou plus généralement pour entraver la concurrence (et pas vraiment pour innover, ce qui est en principe le but des brevets), et ne se gêne surtout pas pour breveter des choses triviales ou que d'autres ont créé antérieurement, par exemple:
Poser un brevet sur un simple "slider"
(1)
Poser un brevet sur le double-clic
(2)
Poser un brevet sur l'expansion des variables du shell, comme ce que fait Unix depuis 20 ans.
(3)
Poser un brevet sur
sudo, qui existe aussi depuis 20 ans sous Unix/Linux.
(4).
Conjuguer automatiquement un verbe ?
(5)
Et pourquoi pas carrément sur les opérations logiques ?
(6)
Un brevet pour
voir la page suivante d'un document quand on appuit sur la touche "Page suivante" ?
(7)
et bien d'autres…
Microsoft fait du lobbying dans l'éducation nationale et le secteur public
(1) (2) (3) (4) (5) (6) (7). Certes on pourrait dire que c'est le business, mais les méthodes sont limites. (Jusqu'à aller faire distribuer des publicités Microsoft en salle des profs
(8).)
Après avoir réussi à tuer son concurrent Netscape au profit de son propre navigateur (Internet Explorer), Microsoft a
totalement cessé d'innover dans ce domaine pendant des
années (1), snobant les standards
(2), jusqu'à ce que la concurrence les pousse à nouveau au cul (Firefox, Chrome). Internet Explorer a fait cauchemarder tous les webmasters de cette planète pendant des années
(3). La perte en temps nécessaire à l’adaptation des sites à
IE doit se chiffrer en centaines d'année-homme, au bas mot.
Microsoft possédant le service de mail HotMail (le webmail le plus populaire à l'époque), avait modifié le service: Quand le serveur voyait arriver le navigateur Opera, il servait une page html différente que quand il voyait arriver
IE. Et HotMail ne marchait pas sous Opera. Conclusion des utilisateurs ?
Opera ça marche mal. Internet Explorer ça marche bien. Curieusement, en modifiant le
User-Agent d'Opera pour se faire passer pour
IE, le site marchait parfaitement.
Et puis comme mentionné, Microsoft a été jusqu'à collaborer avec une dictature afin d'éliminer la concurrence. Enough said.
Trop, c'est trop.
Notez que je me suis étalé, mais que les deux points suivants suffisent à eux seuls à me faire désormais soigneusement éviter Microsoft et ses produits:
Le fait de ne pas prévenir ses utilisateurs de failles de sécurité en les laissant en danger jusqu'à 1 mois après leur découverte, et laisser volontairement le gouvernement américain exploiter ces failles pour leur bénéfice.
Le fait de permettre la création de faux certificats SSL permettant à des gouvernements (démocraties et dictatures) d'espionner et pirater des citoyens.
Notez bien que ce ne sont pas des problèmes liés à un manque d'action de la part de Microsoft, mais au contraire des choix actifs de la part de Microsoft qui mettent les utilisateurs dans cette situation. Je ne peux pas cautionner une entreprise qui a ce comportement.
Le monde du logiciel libre a aussi ses failles, mais aucune action volontaire pour tromper ses utilisateurs. La confiance, ça se mérite. Je vois difficlement comment Microsoft pourra regagner la mienne.