Global Voices est né de cette réunion, dans un monde qui était majoritairement optimiste et passionné face au potentiel d'Internet. Nous ne vivons plus dans ce monde.
Le blogging a fait place aux réseaux sociaux, il est devenu plus inclusif, mais privilégiait les images, les vidéos, la fréquence et l'émotion plutôt que les longs formats de journal intime qui caractérisaient « l'âge d'or » des blogs. Certains blogueurs sont devenus des journalistes ou des écrivains d'articles d'opinion, bien que d'autres sont restés silencieux. Les réseaux sociaux ont créé une nouvelle économie d'influenceurs, ce qui a généré une vague de panique sur la désinformation et l'information erronée (certaines légitimes, d'autres exagérées), et les autres sur la sécurité infantile en ligne. Maintenant, les réseaux sociaux alimentent des systèmes d'intelligence artificielle, qui prévoient un futur dans lequel les voix des personnes se substituent à des voix génériques faisant autorité qui savent tout, mais qui ne parviennent pas à créditer les personnes qui ont réellement la connaissance.

Sommet Global Voices, Nairobi, Kenya, 2012. Utilisée avec permission.
Tout au long de ceci, Global Voices a été présent, présentant un monde plus large pour qui souhaite apprendre le respect. Il y a eu des moments – le printemps arabe, par exemple- dans lesquels les audiences américaines et européennes se sont aidées de notre travail pour comprendre la transformation du moment historique (ce reportage de 2011 dans le New York Times de Jennifer Preston sur notre travail sur le Moyen-Orient guidé par la dernière éditrice régionale Amira al-Hussaini, a été un de ces moments dans lesquels une grande audience savait ce que nous faisions).
Mais même lorsque les histoires que nous avons couvertes n'ont pas attiré beaucoup d'attention à l'international, nous avons eu des audiences que peu ont atteintes. Un projet communautaire de traduction-Lingua-, où a fleuri une grande communauté multilingue avec des dizaines d'histoires originaires de différentes langues qui se traduisent encore en une dizaine de langues. Parmi certaines langues que nous traduisons, comme le malgache, notre site web est l'un des rares sites à proposer des ressources pour les nouvelles internationales dans la langue locale. Eddie Avila, maintenant notre co-directeur général, a mené le programme Rising Voices, qui a aidé à préserver les langues autochtones dans des communautés du Mexique, de la Colombie et du Guatemala.
Les histoires que nous couvrons ne se voient pas régulièrement, à moins que vous ne soyez en train de naviguer largement. Notre équipe de Chine aide à expliquer “Sister Hong”, scandale impliquant le travail du sexe, enregistrement de vidéos clandestines, problèmes avec la communauté LGBTQ+, et la marque particulière de Chine sur la répression sexuelle et la solitude masculine.
Il y a une incroyable série de réflexions d'Ukrainiens qui ont fui la guerre et ont laissé un morceau de leur pays, à travers des montagnes de livres et de nouvelles bibliothèques ukrainiennes dans les villes comme Innsbruck, en Autriche. En attendant, la Russie prend des méthodes avec les “activités extrémistes”, rendant la navigation sur Internet dangereuse.
Lire Global Voices est un rappel d'à quel point le monde est grand et complexe. Assister à une réunion d'auteurs et de traducteurs de Global Voices est un rappel de notre petitesse et notre connexion. J'ai assisté à la réunion de nos 20 ans à Katmandu au Népal en décembre 2024 quasiment une semaine après que j'ai commencé la rencontre, j'ai dû ajuster le voyage entre mes deux cours finaux du semestre. Quand je suis arrivé, les centaines de participants des six continents ont construit un lien durable, et j'ai senti comme si j'étais arrivé au lycée en pleine année scolaire. Jusqu'à ce que je prenne une petite pause pour décider où j'allais m'asseoir pour le déjeuner et ils m'ont trainé affectueusement à une table remplie d'écrivains que je ne connaissais pas et que ni me connaissaient pas non plus. Pendant deux décennies où nous nous sommes forcés à nous écouter les uns les autres, nous avons créé une culture qui est notablement accueillante, d'un cofondateur avec des horaires décalées, à notre nouvelle directrice exécutive, Malka Older, et aux nombreux auteurs, journalistes et étudiants népalais qui se sont joints à nous.
Réaliser ce travail n'a pas toujours été facile. Global Voices existe uniquement grâce à la majorité du travail réalisé par des bénévoles. Une petite part du personnel finance via des donations, mais la majorité des financements viennent des subventions. Ivan Sigal et Georgia Popplewell, qui ont pris les rênes après Rebecca et moi, ont maintenu l'organisation durant 15 années, et ils ont été très bons dans l'aide des fondateurs comme MacArthur, Open Society Foundation, Omidyar, Ford, Knight, Kellogg, et d'autres qui ont compris l'importance de notre travail, directement et indirectement. Ces financeurs ont valorisé les histoires et podcasts que nous produisons, mais nous ont vus littéralement former des générations d'écrivains, traducteurs, et éditeurs entraînés de notre communauté ( nombreux se sont consacrés à être des journalistes dans leurs pays d'origine ou dans des organismes de nouvelles internationales).

Photo du sommet Global Voices 2024 à Katmandou, au Népal. Photo utilisée avec permission.
Nous avons fait face à des moments difficiles financièrement, mais nous n'avons jamais vu un contexte comparable à celui que nous vivons. La coupure de l'aide internationale de l'administration de Trump nous a affectés directement et indirectement. Directement, les fonds de plusieurs des organisations avec lesquelles nous travaillons, comme Open Technology Fund, ont été retenus par la Maison Blanche, et ont entrepris des actions judiciaires pour continuer de fonctionner. S'ils n'obtiennent pas de fonds, nous non plus. Mais les effets secondaires ont été profonds de façon similaire. Les coupures de l'aide internationale, diffusion publique et la santé publique ont fait que des centaines d'organisations ont cherché de l'aide auprès de peu de fondations, qui maintenant ont augmenté les demandes pour leurs ressources limitées.
Heureusement, nous sommes une organisation authentiquement internationale; GV a été fondée par des citoyens américains comme une organisation sans but lucratif de Pays-Bas, et notre conseil d'administration représenté par l'Egypte, le Nigeria, le Royaume-Uni, l'Indonésie, le Pérou, les Pays-Bas et Hong-Kong. Comme de nombreuses organisations internationales, nous cherchons l'aide financière des Européens… Mais nous avons appris via nos membres européens que le nationalisme fait que des travaux comme le nôtre sont compliqués dans leurs pays.
C'est un temps obscur et difficile dans notre monde. Le travail que nous avons réalisé sur Global Voices a représenté la vision de comment le monde peut tourner différemment. Nous pourrions nous écouter attentivement les uns les autres, pour comprendre notre monde via plusieurs points de vue. Nous pourrions travailler ensemble sur un projet très grand pour une personne, ou un groupe de personnes du même pays. Nous pouvons lutter pour un Internet qui nous connecte et construit la compréhension, en vue de nous séparer en catégories comme les consommateurs facilement commerçables.
Nous sommes face à un grand problème, et nous pourrions nous entraider. Si tu es en mesure de faire une donation à GlobalVoices, cela serait siginifiant. Je fais confiance à Malka Older, Eddie Ávila, et Krittika Vishwanath, nos directeurs, qui ont pris le gouvernail de notre bateau sur les mers les plus tumultueuses que nous ayons vues. Nous avons besoin d'aide pour continuer les mois prochains, et déterminer qui pourrait soutenir le travail ardu des connexions internationales dans un moment dans lequel le monde est face à un danger de rester fragmenté et désolé.
Si GlobalVoices est ou a été une inspiration, s'il vous plaît, aidez-nous. Et n'oublie pas de jeter un coup d'oeil à l'Everest virtuel qu'a complété Nate Matias, un ami chéri et membre américain de Global Voices, un voyage en bicyclette qui comprend une ascencion verticale au plus haut sommet de l'Everest, pour collecter des fonds pour Global Voices.

























