J'ai un compte Twitter (@sebsauvage_net) mais inutilisé depuis quelques années. J'avais décidé de m'y remettre, pour tester. Après quelques semaines d'utilisation, je comprend que Twitter c'est vraiment pas pour moi. Mais au delà de préférences personnelles, j'aperçois derrière tout cela un schéma sur les motivations de Twitter et leur manière d'y parvenir qui me donne un peu la nausée. Ce qui ne va pas ?
1) Trop de bruit, trop de volumétrie. Je ne suis pourtant pas abonné à beaucoup de comptes, mais ça fait trop.
2) Qualité insuffisante. Il y a bien des informations très intéressantes dans l'ensemble, mais mêlées à du bruit. J'ai pas le temps pour le bruit. (Mes flux RSS sont ciblés et me ramènent principalement de l'information, pas du bruit.)
3) Ce bruit amène à une certaine fatigue d'attention, et je pense que c'est voulu de la part de Twitter. Fatigue = plus grande facilité à perdre son sang froid.
4) Impossible d'exprimer correctement sa pensée en 140 caractères. Ce qui force à simplifier votre discours, à tuer les nuances, et donc facilite les mauvaises interprétations... ce qui est source de conflits.
5) Twitter incite à la réaction rapide, ce qui empêche 1) de prendre le temps d'une réflexion plus profonde et 2) d'avoir un discours posé (déjà limité par les 140 caractères), ce qui est propice aussi à l'entretient des conflits.
6) Malgré sa bonne volonté affichée, Twitter ne censure pas les discours de haine, et je pense que c'est une stratégie consciente de leur part. La haine incite à la réaction, selon l'adage xkcd:
http://xkcd.lapin.org/index.php?number=386
Cela leur est donc bénéfique et augmente le trafic de leur réseau, d'autant qu'ils ne sont pas rentables et que la publicité vient d'arriver.
Je suis absolument certain que les responsables de Twitter jouent *consciemment* avec notre tendance naturelle à nous révolter afin d'entrenir leur base d'utilisateur. Je n'irai pas jusqu'à dire que Twitter est un réseau de haine, mais il est *conçu* pour maintenir chez nous un niveau de révolte suffisant pour vous garder actif et vous inciter à générer du trafic.
La manière dont Twitter vous incite fortement à liker, re-twitter, citer et répondre est révélatrice. On ne vous incite pas à réfléchir et exposer votre pensée (<140 caractères !), on vous incite à répandre encore et encore l'information déjà présente auprès de vos contacts, et à y réagir de manière vive, très rapidement, sans nuance et avec un minimum de possibilité de prise de parole. On vous met également volontairement face aux hashtags qui génèrent le plus de trafic, donc de controverse, afin de titiller votre réaction et vous inciter ainsi à gonfler le flot global.
Alors oui Twitter c'est gratuit, c'est cool, c'est rapide, c'est à la mode (woa... on a même des #hashtags dans les publicités sur TF1, maintenant, c'est dire !), mais ça me laisse un peu nauséeux, aussi bien sur la forme que sur le fond. Oui, c'est terriblement tentant de répondre à la connerie humaine qui s'épanche sur ce réseau. Mais je ne me laisserai pas avoir.
Twitter est une drogue. La première étape pour décrocher, c'est de l'admettre.
Je vais garder mon compte Twitter, et l'utiliser à l'occasion, mais je vais arrêter de perdre du temps dessus, parce que je n'ai pas envie de devenir le nouveau Bilieux 2.0.