pt
Moulé à la louche depuis 1999
Les trucs qui m'énervent... et je vais pas prendre de pincettes
Internet, informatique, logiciel libre, économie, politique, vie courante et tout le reste...

Patate chaude

Jeudi 21 fevrier 2013

Bon allez, je réponds à l'appel d'Alda (mais je ne continuerai pas la chaîne -- j'ai une aversion envers les messages qu'on me demande de forwarder à X personnes.)


1. À ton avis pourquoi il y a moins de femmes chez les geeks, libristes, hacker et hardcore-gamers de tous bords qu’ailleurs ?

Je ne pense pas que la proportion écrasante de mâles soit spécifique à l'informatique. On retrouve le même genre de tendance chez les politiques, chefs d'entreprise ou chefs étoilés. C'est juste notre culture historique machiste que nous traînons comme un boulet. Si on croit progresser sur l'acceptation de l'homosexualité dans la société, il faut bien voir que les femmes sont encore traitées comme de la merde même de nos jours (Il suffit d'observer le comportement honteux des députés à l'assemblée nationale).

Et encore: Dans nos sociétés occidentales, malgré ces comportements à la con, on peut considérer que la femme est admirablement bien traitée par rapport à la majorité des pays de cette planète (où certaines se prennent de l'acide dans la gueule pour avoir osé apprendre à lire).

Ne jetons pas la pierre aux geeks/gamers: Je ne pense pas que ce problème leur soit spécifique. La société est lente changer, très lente.


2. Tu ne penses pas que parfois, il faut vraiment protéger les enfants ?

Oui, bien sûr, la question ne se pose même pas. Mais: de quoi, et comment ? Vaste question.

J'ai toujours eu naturellement tendance à protéger mes enfants, mais de la mauvaise manière: En leur évitant les risques au lieu de leur apprendre à les gérer. C'est une erreur (et merci à ma femme de me l'avoir fait comprendre). Par exemple, les produits ménagers, chez moi, ne sont pas sous clé: J'ai expliqué à mes enfants que c'était dangereux et qu'il ne fallait pas y toucher. Et il n'y ont pas touché.

Laissez-moi expliquer mon choix par un exemple: Des parents règlent leur chauffe-eau pour éviter que leurs enfants se brûlent s'ils mettent l'eau chaude à fond. L'intention est louable: Réduire le risque de brûlure. Et que se passera-t-il quand ils iront faire un tour chez papy-mamie ? Ils auront pris l'habitude de mettre l'eau chaude à fond et se brûleront. Le résultat est l'opposé de ce que était escompté. Qu'aurait-il fallut faire ? Leur expliquer les dangers et leur apprendre à les éviter eux-même.

Bien sûr il est hors de question d'exposer les enfants à des risques inutiles, mais c'est la même chose dans beaucoup de domaines: L'éducation est le seul salut. (Parce que nous ne serons pas toujours là.)

(Après, je n'ai bien sûr pas abordé d'autres problèmes plus graves, comme la violence envers les enfants.)


3. La liberté d’expression, jusqu’à quel point ?

Question intéressante. Quand j'ai commencé à m'intéresser à Freenet, j'ai voulu connaître les raisons qui ont motivé les auteurs de ce logiciel de P2P anonyme, et je dois dire qu'au début j'ai été choqué. Leur crédo ? La liberté d'expression doit être totale, sans aucune censure possible, sans quoi ce n'est déjà plus de la liberté d'expression. Vous trouvez cela extrême ?

Mettons que nous acceptons la liberté d'expression pour tous, sauf pour les discours xénophobes, car c'est inacceptable, on est bien d'accord. Là, vous censurez déjà quelque chose, selon vos critères. Et ce n'est déjà plus de la liberté d'expression. Et puis, de fil en aiguille, vous allez décider que la liberté d'expression ne devrait pas s'appliquer aux blagues contre les Juifs. Ni contre les noirs. Ni contre les femmes. C'est dégradant. Continuons: Certains se sentiront offensés par les gros mots, d'autres par l'image de quelqu'un dévêtu ou une juppe courte, d'autres par une caricature, d'autres par des tatouages... Jusqu'où faut-il aller ? Ça n'a pas de fin.

Dès que vous commencez à grignoter la liberté d'expression (qu'elle soit verbale, écrite ou artistique), même d'une miette, ce n'est déjà plus de la liberté d'expression.

Et puis empêcher quelqu'un de s'exprimer, c'est le forcer à trouver un autre exutoire qui ne serait sans doute pas meilleur (Dans le meilleur des cas, passer par d'autres canaux que vous ne verrez plus). Plutôt que de mettre des oeillières, laissons-les s'exprimer au grand jour pour mieux les contrer.


4. Qu’est-ce que t’écoutes pour commencer ta journée ?

J'aime le calme, le matin. La musique - ou pire: les infos à la radio - m'agressent. Une fois que je suis bien réveillé, je met mon smartphone en lecture aléatoire pour aller au boulot. Il y a de tout, selon mes humeurs :-)


5. Est-ce que Twitter, Facebook et Google ont gagné ?

Oui. Ils ont gagné. Ils ont réussit, au bon moment, à proposer des services pré-mâchés. Les nouveaux internautes, n'ayant aucune culture de ce qu'est et permet internet, s'y sont engouffrés en masse. C'est maintenant une prison inconsciemment consentie dont ces boîtes entretiennent soigneusement les murs d'enceinte et la déco. Une prison dorée où les hamsters se complaisent.

Comme je l'ai dit (je me cite, quelle feignasse !): « Il fut une époque où je croyais qu'en éduquant les utilisateurs, on pourrait leur apprendre à communiquer par leurs propres moyens. Je constate mon échec: C'est peine perdue. Cela n'intéresse plus personne. Les ex-facebook iront bouffer au premier râtelier centralisé pré-mâché qui succèdera à Facebook. Rien ne changera. »


Ce qui est moche, c'est que ces sociétés:
  • piocheront de plus en plus dans la vie privée des internautes pour gagner de l'argent.
  • censurent (vraiment n'importe comment).
  • collaborent avec les différents gouvernements (surveillance, censure, identification).

Malgré toutes les bonnes idées de décentralisation, l'avenir semble assuré pour la société de surveillance.


6. Est-ce que tu es pour ou contre la polygamie ?

La question n'a pas vraiment de sens. Pour ou contre l'homosexualité ? Pour ou contre les lits séparés ? Pour ou contre la cuisine au beurre ?

Je n'ai pas à juger des choix de vie des autres. Qui suis-je pour décider de la manière dont les autres doivent mener leur vie et être heureux ? Tant que cela ne rend malheureux personne, je ne vois pas où est le problème.


7. Quelle est la dernière série TV qui t’ai fait réfléchir ?

La TV ? Ce grand machin avec des images où on peut pas cliquer ?


8. La mémoire absolue, malédiction ou bénédiction ?

Malédiction.

Même si j'ai une mauvaise mémoire, je détesterais avoir une mémoire absolue. Déjà, je serais chiantissime pour les autres. Non sérieusement, vous détesteriez une personne comme ça dans votre entourage, non ?

Et puis l'oubli est un mécanisme cognitif nécessaire au fonctionnement du cerveau. Sans compter l'impact psychologique: Comment survivre si vous ne parvenez pas à oublier les moindres détails d'un traumatisme ? Ça serait une sacré malédiction.


9. Qu’est-ce qui te rend foi en l’humanité ?

Des actions ponctuelles que je peux voir ici et là, que ce soit le petit geste du quotidien d'un inconnu, ou les grands projets de personnalités brillantes qui veulent améliorer le sort de l'humanité (J'ai vu de très beaux projets chez TED, comme l'inventeur de cette bouteille qui filtre polluants et microbes de l'eau croupie, le projet d'accès global à la culture du fondateur d'archive.org, ou encore l'artiste JR qui ressoude des communautés défavorisées avec ses photos géantes).

C'est magnifique.


10. Si tu pouvais remonter dans le temps tu ferais quoi ? (Pro-Tip: Il y a une mauvaise réponse à cette question)

Je visiterais des époques incognito pour voir à quoi ressemblait leur style de vie, sans rien changer ! (Ce qui bien sûr est impossible puisque le simple fait d'y être changerait des choses :)

Ça serait passionnant: Visiter Paris dans les années 1900. Retourner au moyen-âge pour voir la vie quotidienne du peuple. Assister à des évènements historiques. Woua...


11. Qu’est-ce que tu voudrais faire dans l’immédiat ?

DORMIR !