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Les industriels du disque nous donnent encore une leçon

Vendredi 01 juin 2007

Encore un industriel de la culture qui veut donner une leçon aux internautes: L'Ifpi (Fédération internationale de l'industrie phonographique).

Je commente point par point:

« 1. Pirate Bay, l'un des porte-étendards du mouvement anti-droits d'auteur, génère des milliers d'euros en publicité sur son site, tout en maintenant sa rhétorique anti-establishment sur la musique libre. »

Et alors ?
Je m'en fout de Pirate Bay.
Et au moins, Pirate Bay ne gagne pas de l'argent sur mon dos quand je grave des photos de mon fils sur CD.

« 2. Allofmp3.com, le très populaire site russe [qui vend des fichiers MP3 sans DRM et à prix cassés, NDLR], n'a reçu de licence d'aucun membre de l'Ifpi, a été désavoué par les ayants droit à travers le monde et fait l'objet d'une plainte en Russie. »

Et alors ?

« 3. Le crime organisé et même des groupes terroristes utilisent la vente de CD piratés pour récolter des fonds et blanchir de l'argent. »

Ah bon ?
Les groupes terroristes ramassent de l'argent quand les internautes téléchargent gratuitement de la musique par Peer-to-peer ?
Il y a quelquechose que j'ai dû rater, là.
Au fait, l'IFPI est-elle capable d'apporter des preuves ? Ne serait-ce que le nom d'un seul groupe de terroristes ainsi financé ?

Non ?
Je m'en doutais.

Ça devient lassant, l'utilisation du terme "terroriste".

« 4. Les personnes qui téléchargent illégalement n'en ont rien à faire que la musique piratée émane de majors ou de labels indépendants. »

C'est exact.
En fait, tout le monde s'en fout.
C'est la musique qui nous intéressent, et je n'en ai rien à foutre que ça doit Vivendi-Universal qui me la vende, un site web ou le disquaire du coin.
Sauf qu'en l'occurrence, les majors font tout pour tuer le disquaire du coin et le site web.
Hasard.

Moi ce qui m'arrangerais le plus, c'est de pouvoir acheter la musique directement à l'artiste lui-même, sur son site web.
Mais les majors font tout pour éviter que ça se produise.

« 5. Moins de chiffre d'affaires pour les labels musicaux veut dire moins d'argent disponible pour miser sur des groupes underground et pousse au contraire à investir sur des valeurs sûres. »

Vivendi-Universal (=Polydor=Barclay=ULM...) fait des millions d'euros de bénéfices, ce qui ne les empêche pas de sortir majoritairement des merdes.

« 6. Les FAI utilisent souvent la musique comme argument publicitaire, tout en facilitant l'échange illégal de musique à grande échelle. »

Ils ne facilitent rien. Ils fournissent juste un accès à internet, un tuyau.
C'est comme dire que les syndicats des eaux facilitent l'arrosage abusif des pelouses. C'est idiot.

« 7. Le mouvement anti-droits d'auteur ne crée pas d'emplois, de chiffre d'affaires ni de croissance économique - ce sont principalement des personnes pontifiant sur le monde commercial dont ils ne connaissent pas grand-chose. »

Quel mouvement "anti-droits d'auteurs" ?
C'est un non-sens.

Est-ce qu'ils réalisent que nombre d'artistes ont eux-mêmes claqué la porte de leur maison de disque justement parceque leurs droits en tant qu'auteur sont piétinés, qu'ils ne touchent que des clopinettes, qu'on leur force leur orientation artistique et qu'ils ne peuvent plus rien faire (pas même un concert gratuit) ?

Si les industriels du disque sont si à cheval sur les droits d'auteur, pourquoi la première chose qu'ils demandent aux artistes est d'abandonner leurs droits quand ils signent chez eux ?

« 8. Le piratage n'est pas lié à un manque de moyens financiers. »

Ah bon, le piratage n'est pas lié à un manque de moyens financiers ?
Le bugets des ménages est extensible à l'infini, alors ?
Ils peuvent acheter des DVD, des téléphones portables, des forfaits, des jeux et des consoles de jeu sans grapiller sur leur budget CD ?
C'est formidable !

Mais c'est une énorme connerie.

« Le professeur Zhang de l'université Nanjing a montré que les Chinois qui achètent des produits piratés appartiennent à la classe moyenne ou supérieure. »

Attendez là, je ne comprend plus.
Je croyais qu'il s'agissait des internautes qui téléchargent gratuitement de la musique ?
Pourquoi est-ce qu'ils parlent d'acheter de la musique piratée ?

« 9. La plupart des gens savent que c'est mal d'échanger des morceaux protégés par le droit d'auteur mais ils continueront tant qu'ils ne seront pas contraints légalement à arrêter, comme l'a démontré une récente étude par le groupe australien contre le piratage, le Mipi. »

Oui, tout comme il y aura toujours des gens pour dépasser les limites de vitesse malgré les lourdes amendes et la prison. Rien de nouveau sous le soleil.
Les contraintes pénales n'y changeront rien.
Pénaliser à outrance ne fera que pousser le partage de fichier de plus en plus dans l'underground, et les nouveaux outils de partage comme OFF ne permettront plus d'identifier qui que ce soit.

C'est un jeu du chat et de la souris technologique qu'ils perdront, mais ils n'en ont pas conscience.

Au début ils ont tué les sites web qui publiaient des MP3. Le P2P centralisé est arrivé. Perdu.
Ils ont tué les P2P centralisés (Napster). Les P2P décentralisés sont arrivés. Perdu.
Ils ont tué plusieurs logiciels de P2P décentralisés (Winny, eDonkey...). Les P2P privés et anonymes arrivent. Ils perdront encore.

Ils ont juste trop de merde (ou de fric) dans les yeux pour s'en apercevoir.

« 10. Les réseaux peer to peer ne permettent pas de découvrir des nouveaux talents. Ce sont principalement les derniers tubes qui sont échangés. »

C'est faux.
Justement, le P2P permet à certains artistes de se faire connaître sans gros moyens.
Un exemple tout simple: Kamini, avec sa chanson "Marly-Gaumont". Aucun major n'a accepté de le signer. Aucun.
Et il s'est fait connaître grâce à internet.
Et c'est seulement quand les majors ont vu qu'il avait du succès qu'ils ont voulu signer.

Et de nos jours, aucun major ne miserait sur un Gainsbourg.

Le Peer-to-peer permet également d'obtenir des musiques que les majors refusent d'éditer ou ré-éditer.