Voyager pour le travail, cela n'est pas une vie de voyageur.
Initialement publié le Global Voices en Français
Sami Tchak, capture d'écran de la chaîne YouTube de 7 jours.
Les littératures francophones d'Afrique font face à un double défi: en Afrique le coût prohibitif des livres importés fait souvent de l'accès aux textes un privilège économique. L'édition sur le continent rencontre aussi de nombreux défis: frais de publication, systèmes de distribution, fragmentation linguistique.
Dans les pays francophones d'Europe, la reconnaissance des ces littératures pourtant en pleine effervescence et qui remontent au 19e siècle, est relativement récente car elles ont longtemps été subordonnées aux textes écrits par les Européens dans une perspective héritée de la colonisation. Les premiers pionniers comme Léopold Sedar Senghor ont établi sa place en Europe et dans le monde dans les années 60, et depuis sont relayés par des auteurs comme le Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr dont le prix Goncourt 2021 a rappelé la vitalité et la richesse des littératures africaines francophones.
Grâce à certains événements, les littératures francophones africaines deviennent plus visibles et accessibles en France: le Salon du livre africain de Paris, ou le tout récent festival Rive Noire Littérature, décrit dans cette vidéo sur TV5 Monde:
Mais la fin du Prix Orange du Livre en Afrique, débuté en 2019, et chargé de promouvoir écrivains et éditeurs basés en Afrique, a choqué de nombreux écrivains à l'annonce de la nouvelle fin 2024, et démontre la fragilité de telles structures.
Sami Tchak (SM): Ma situation ne répond à aucune des situations qui sont suggérées dans vos questions. Je ne suis pas un exilé, je suis arrivé en France avec une bourse d'études que mon pays m'a octroyée, j'ai choisi de faire ma vie en France après mes études, je retourne dans mon pays autant de fois que je peux et veux chaque année, je fais partie là-bas des écrivains dont le nom est associé, par une partie des Togolais, à l'idée de fierté nationale. Je suis donc, pas un exilé, mais un homme vivant librement hors de son pays. Ce n'est pas la même chose. Et je ne me définis pas comme un voyageur, je suis juste, comme beaucoup d'autres femmes et hommes du monde littéraire, un écrivain ayant la chance de participer en tant qu'invité à des colloques. Je n'ai pas les moyens de mener une vie de voyageur, je ne voyage que quand je suis invité et pris en charge, et partout où je me rends, j'ai à peine la possibilité de découvrir autre chose que les espaces où se déroulent les activités littéraires. Voyager pour le travail, cela n'est pas une vie de voyageur.Je suis un homme curieux, comme beaucoup de personnes sur la terre, et aussi parce qu'écrire exige de nous une attention particulière au monde, un appétit d'apprendre, de découvrir, d'enrichir son imaginaire. Mais cette curiosité n'est sur aucun plan au service d'une recherche de l'horizontalité contre la verticalité. Dans tous les livres où je parle de la verticalité, je le fais comme un constat et tente de comprendre ce qu'elle implique dans nos vies et surtout dans nos modes de pensée.
ST: Je ne sais pas ce que signifie l'expérience africaine, et je ne crois pas qu'il existe sur la terre quelqu'un qui pourrait nous dire ce que signifierait l'expérience africaine. Sur quel plan? Historique? Religieux? Politique? Expérience africaine me semble une essentialisation abusive, que je mets en scène dans mon roman Le continent du Tout et du presque Rien, cette essentialisation qui permet de ramener la complexité d'un continent et la diversité de ses peuples, cultures, expériences, à un élément général à partir des destins similaires créés par la colonisation.Aussi, le corps est un élément essentiel dans toute littérature, mais ce qui est important, je pense, c'est la manière dont chaque écrivain le met en scène, l'explore. Le corps chez moi, la sexualité surtout, sert de support à la mise en scène des relations humaines et à la tentative de donner chair à des réflexions philosophiques, à une vision du monde. Cela renvoie à une démarche personnelle que les autres peuvent interpréter librement, comme le font les personnes qui me consacrent des thèses.
ST: J'ai consacré un livre à ces questions, “La couleur de l'écrivain”. Je pense que notre situation particulière d'écrivains issus de peuples colonisés et écrivant dans la langue du colonisateur explique ce genre de questions qu'on pose depuis un siècle. Je suis un Togolais vivant en France, j'écris en français. Je ne me définis ni comme un auteur francophone, ni comme un auteur sans frontières, mais comme un écrivain togolais écrivant en français.Une fois que j'ai dit ça, je n'ai pas contribué à mettre fin à ces questions récurrentes qui n'ont strictement rien à voir avec la littérature, ni avec ma démarche d'écrivain, je le sais, mais, je pense qu'il est plus utile de lire les écrivains quand cela est possible et de les interroger à partir de leurs livres. Les questions assez générales ne permettent pas de parler de littérature ni de faire connaître un écrivain en particulier.
ST: Les spécialistes de la littérature pourraient répondre avec intelligence à cette question. Quant à moi, je sais que la visibilité de certains écrivains africains, écrivant en français, en anglais, en portugais…, dépend des instances de légitimation européennes et américaines.
Dans cette vidéo sur YouTube, Tchak explique les liens qu'il entretient avec ses éditeurs:
Un Togolais crée une banque et une compagnie aérienne panafricaines
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Gervais Koffi Djondo, capture d'écran de la chaîne YouTube au nom de Gervais Koffi Djondo
L'intégration économique en Afrique est un sujet courant au programme de conférences et ateliers, mais il existe un gouffre entres ces discussions et la pratique. Pourtant, certains entrepreneurs démontrent que cela est possible et profitable. C'est le cas du Togolais Gervais Koffi Djondo qui a fait de l'intégration africaine sa mission.
Cette thématique est aussi l'un des principaux objectifs de l'Union Africaine (UA), annoncé dès sa création le 9 juillet 2002 et ainsi défini:
…accélérer l’intégration politique et socio-économique du continent ;
…promouvoir le développement durable aux plans économique, social et culturel, ainsi que l’intégration des économies africaines ;
Mais cette intégration africaine reste, en 2025, plus un mythe qu'une réalité. En dépit de nombreuses politiques d'intégration, les Africains vivent rarement dans le cadre d'une intégration régionale. Pourtant, des exceptions viennent contredire ce constat. C'est le cas du Togolais Gervais Koffi Djondo, qui à travers son audace a offert au continent africain deux institutions panafricaines durables.
En Afrique, le système bancaire est gouverné par des institutions financières détenues ou dirigées par des occidentaux, des années 60 au milieu des années 80. Mais en 1985, la donne change quand Gervais Koffi Djondo, entrepreneur togolais à la pensée panafricaine co-fonde avec Adeyemi Lawson, à cette époque, homme d'affaire et président de la Chambre de commerce et d’industrie du Nigeria, Ecobank, une institution financière présente aujourd'hui dans plus de 30 pays sur le continent.
Loin de satisfaire des besoins financiers propre aux Togolais, l'entrepreneur pense large, et à l'avenir de tout un continent en terme de couverture financière. Djondo se souvient de ses débuts difficiles :
« Toutes ont décliné notre offre. Nous nous sommes alors tournés vers Citibank, qui nous a proposé une équipe, et en moins d’un an, en 1985, nous avons monté la banque. Nous avons installé le siège à Lomé, non pas parce que je suis Togolais, mais parce que le Togo est le seul pays qui ait accepté de nous accorder un statut fiscal de société offshore. »
Cette prouesse continentale donne des ailes à Gervais Koffi Djondo: après Ecobank, il se lance dans la mise en place d'une compagnie aérienne, après la faillite en août 2001 d’Air Afrique. Cette ancienne compagnie aérienne ne fonctionnait que dans l'espace africain francophone, et était largement contrôlée par la France.
Sur sollicitation de présidents africains, d'hommes politiques et diverses personnalités influentes du continent, Djondo entame alors un projet qui finit par voir le jour le 15 janvier 2010, date de lancement de la compagnie Asky Airlines.
Interviewé par le média Agence Ecofin en juillet 2019 après la sortie de son livre « L’Afrique d’abord », Djondo déclare :
Il nous appartient de faire avancer les choses. Je pense en premier lieu à l'intégration africaine. C'est pour cela qu'Ecobank est une banque panafricaine et qu'Asky est une compagnie aérienne panafricaine. Tant que l'Afrique ne comprendra pas l'importance de son union, elle ne fera que reproduire le schéma colonial des États dont les économies sont peu développées et qui se contentent de faibles échanges commerciaux entre eux.
Djondo se rappelle des moments cruciaux de la mise en place de ses deux joyaux. Au média Agence Ecofin, il indique :
C’était après la rencontre des présidents Laurent Gbagbo et Abdoulaye Wade avec le PDG d’Air France au siège de la compagnie. Charles Konan Banny avait été chargé de suivre le dossier de la compagnie par les deux présidents. (…) Je me suis plongé dans les détails et j’ai vu qu’ils voulaient refaire Air Afrique, c’est-à-dire une compagnie francophone. J’ai décidé de tout revoir et d’élargir le projet aux anglophones », explique le fondateur d’Ecobank.
De jeunes entrepreneurs trouvent aujourd'hui en la personne de Gervais Koffi Djondo, une boussole entrepreneuriale. Sa volonté de contribuer au développement économique du continent et sa vision d'une Afrique intégrée font de lui un modèle hors norme pour toute une génération, comme l'explique cette vidéo de Afrik'Expert lors de la présentation de son livre:
Adamas Koudou, jeune entrepreneur togolais et co-fondateur de la marque Natuthé Kinkéliba partage avec Global Voices son admiration pour Djondo :
Gervais Koffi Djondo est une figure emblématique dont l'impact sur le monde entrepreneurial africain et l'intégration du continent est indéniable.
Cofondateur d'Ecobank et d'Asky Airlines, il a démontré une vision audacieuse en créant des institutions panafricaines majeures qui ont, non seulement stimulé le commerce et l'investissement à travers l'Afrique, mais ont aussi concrètement fait progresser l'intégration régionale.
Son œuvre témoigne d'un engagement profond envers le développement économique endogène et l'unité africaine.
Sur X, Mustapha Njie – TAF, entrepreneur et philanthrope gambien témoigne de la vision de Djondo pour l'Afrique:
(…) Thanks to the vision and hard work of Mr. Djondo, Ecobank has become one of the biggest banks in Africa, with a pan-African presence. This has also resulted in both #Ecobank and Asky being headquartered in Lomé, bringing tremendous socio-economic benefits to Togo. It is a testament to the importance of supporting home-grown entrepreneurs in Africa.
Mr. Djondo will be turning 90 years old next year, and his contributions to the African business landscape need to be celebrated at the highest level.
As young #African #entrepreneurs and leaders, let's emulateleadership and striveforgreatness like Mr. Djondo. His success story is an inspiration to all of us in West Africa and beyond.
— Mustapha Njie – TAF (@TafNjie) August 10, 2023
(…)Grâce à la vision et au travail acharné de M. Djondo, Ecobank est devenue l'une des plus grandes banques d'Afrique, avec une présence panafricaine. Cela a également permis à #Ecobank et à Asky d'établir leurs sièges sociaux à Lomé, apportant d'énormes avantages socio-économiques au Togo. Cela témoigne de l'importance du soutien aux entrepreneurs locaux en Afrique.
M. Djondo aura 90 ans l’année prochaine et ses contributions au paysage commercial africain doivent être célébrées au plus haut niveau.
En tant que jeunes #African #entrepreneurs et leaders, imitons le leadership et aspirons à l'excellence, comme M. Djondo. Son histoire de réussite est une source d'inspiration pour nous tous, en Afrique de l'Ouest et au-delà.
— Mustapha Njie – TAF (@TafNjie) August 10, 2023
La principale entrave à l’intégration économique de l'Afrique est l'argument de la souveraineté nationale. Au nom d'une politique protectionniste de l'économie nationale, chaque pays établit des règles qui ne favorisent pas la libre circulation des personnes, des biens et des services, mais au contraire, encouragent l'installation de barrières douanières. Cet état de fait est également un blocage qui limite la mise en place et l'application d'une autorité régionale et continentale nécessaire à l'intégration, contraignant ainsi les populations des autres pays à payer de lourd tribu avant d'accéder à leur territoire.
Il existe tout de même des organisations régionales comme la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), la Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC), et le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA). Toutefois des différends frontaliers et des tensions politiques divisent certains pays et freiner toute velléité d’intégration du marché. Alors que les projections économiques sur le développement de l'Afrique indiquent un fort potentiel de croissance.
Une façade émotionnelle qui masque la répression de la dissidence
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Image de Global Voices via Canva Pro. Nicolás Maduro, 4 juillet 2024, Photo : @maduro via Fotos Públicas. Domaine public.
Cet article fait partie de Undertones, le bulletin d'information de l'Observatoire des médias civiques de Global Voices. S'abonner à Undertones.
Le 25 mai 2025, le Venezuela a organisé des élections régionales et parlementaires dans un effort du gouvernement pour démontrer que le pays organise toujours des élections libres et équitables après la réélection contestée du président Nicolás Maduro en juillet 2024 et malgré des preuves crédibles du contraire.
La majeure partie de l'opposition vénézuélienne a appelé au boycott des élections régionales et parlementaires de 2025, confrontée au dilemme suivant : participer et risquer de gagner sans aucune garantie que le résultat soit reconnu, ou s'abstenir et confier de fait tous les pouvoirs au gouvernement de Nicolás Maduro.
En amont des élections, le régime vénézuélien a lancé une nouvelle vague de disparitions forcées et de détentions de dissidents. Le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello a ainsi célébré le 23 mai 2025 la capture d'un leader notable de l'opposition, Juan Pablo Guanipa, qui vivait dans la clandestinité depuis juillet 2024 et était considéré comme un « terroriste » par le gouvernement vénézuélien. Le même jour, Cabello a annoncé l'arrestation de 70 politiciens, activistes, journalistes et avocats pour des raisons de « sécurité nationale ».
Parallèlement à la répression de la dissidence, le gouvernement a annoncé, onze jours avant les élections, le retour de Maikelys Antonella Espinoza Bernal, une enfant de deux ans séparée de sa famille par le gouvernement américain, dans le but d'humaniser les dirigeants du régime et dans le cadre de ce qu'il appelle les efforts pour « la protection et le retour en toute sécurité des migrants » expulsés par les États-Unis.
Les personnes qui affirment ce cadre narratif, principalement le régime vénézuélien et ses partisans, mais aussi des familles désespérées, présentent Nicolás Maduro comme le seul à pouvoir garantir la sécurité des migrants vénézuéliens visés par les politiques anti-migratoires de pays tels que les États-Unis.
Selon ce raisonnement, Maduro est dépeint comme celui qui rend possible la réunification des familles séparées par les politiques anti-migratoires en dehors du Venezuela.
Le climat hostile aux migrants aux États-Unis, où le gouvernement a envoyé plus de 200 migrants vénézuéliens dans une méga-prison salvadorienne sans procédure régulière – dont au moins 50 hommes qui étaient entrés légalement aux États-Unis et n'avaient jamais violé aucune loi sur l'immigration - et en a expulsé des milliers vers le Venezuela, est devenu une opportunité de gain politique pour le régime vénézuélien.
La répression de l'administration Trump en matière de migration a également touché environ 350 000 Vénézuéliens bénéficiant d'un statut de protection temporaire, qui cherchent maintenant désespérément une alternative après que la Cour suprême des États-Unis a autorisé la révocation du programme.
Le régime vénézuélien partage ce cadre narratif, sans tenir compte du fait que, selon le UNHCR, près de 8 millions de Vénézuéliens ont fui le pays en raison de la violence généralisée, de l'hyperinflation, de la guerre des gangs, de la montée en flèche des taux de criminalité et des graves pénuries de nourriture, de médicaments et de services essentiels.
L'effondrement de l'économie vénézuélienne est lié à « des décennies de politiques économiques désastreuses — et plus récemment, aux sanctions économiques » et à la crise des droits humains largement documentée par des organisations telles que Human Rights Watch et Amnesty International.
Espinoza Bernal, aujourd'hui considérée comme le visage de la réussite du régime, a été séparée de sa famille à son arrivée aux États-Unis en 2024. Elle est restée sous la garde du gouvernement après que ses parents ont été expulsés en raison de liens présumés avec le gang vénézuélien Tren de Aragua, selon les autorités américaines.
Yorely Bernal, la mère d'Espinoza Bernal, a été expulsée vers le Venezuela le 25 avril 2025. Le père d'Espinoza Bernal a également été expulsé à peu près à la même date – il est l'un des hommes envoyés à la prison du Salvador.
Cette vidéo TikTok du compte officiel du président vénézuélien Nicolás Maduro montre la première dame Cilia Flores et le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello escortant Maikelys Espinoza Bernal jusqu'au palais présidentiel de Miraflores, où elle est réunie avec sa mère.
Dans la vidéo TikTok, Cabello apparaît portant une petite boîte rose (vraisemblablement un jouet de l'enfant) et semble sincèrement ému par la rencontre entre la mère et l'enfant, présentant un visage humain rarement associé à son image.
Cabello est considéré comme l'un des hommes les plus puissants du régime vénézuélien et a été le visage de tristement célèbres campagnes de terreur contre les dissidents, y compris l'opération TunTun, une initiative visant à réprimer toute forme de mécontentement après l'élection présidentielle contestée de 2024 , au cours de laquelle Nicolás Maduro a été réélu selon l'autorité électorale sous son contrôle.
Le post a reçu 366,4k mentions J'aime, 30,6k commentaires, 18,3k signets et 28,9k republications. Il a été classé -1 dans notre score d'impact civique car il propose un document de propagande produit par le régime vénézuélien qui présente de manière trompeuse ses dirigeants comme des défenseurs des droits fondamentaux de la population.
Intégrant un clip vidéo d'un avion de ligne en train d'atterrir, cet article de Vanessa Ortiz affirme que le rapatriement des migrants au Venezuela prouve que Nicolas Maduro n'est pas un dictateur, mais plutôt que le président salvadorien Nayib Bukele en est un.
L'auteur affirme que « le dictateur n'est pas au Venezuela ; le dictateur est au Salvador », ce qui implique que le rapatriement des migrants vénézuéliens absout Nicolas Maduro de sa part de responsabilité dans la création des conditions qui ont forcé près de 8 millions de personnes à émigrer du Venezuela.
L'article fait référence au rapatriement de 313 migrants vénézuéliens expulsés des États-Unis le 3 avril 2025. Le 21 avril 2025, le gouvernement vénézuélien a accusé le président salvadorien Nayib Bukele de trafic d'êtres humains, en réponse à l'offre de ce dernier d'échanger un nombre égal de prisonniers politiques vénézuéliens avec des déportés vénézuéliens au Salvador.
L'article fait référence au rapatriement de 313 migrants vénézuéliens expulsés des États-Unis le 3 avril 2025. Le 21 avril 2025, le gouvernement vénézuélien a accusé le président salvadorien Nayib Bukele de trafic d'êtres humains, en réponse à l'offre de ce dernier d'échanger un nombre égal de prisonniers politiques vénézuéliens avec des déportés vénézuéliens au Salvador.
Bukele a montré des tendances autoritaires évidentes, avec des détentions arbitraires, des privations illégales de liberté et de garanties judiciaires , et des mesures de répression contre les organisations de défense des droits humains. Il a été accusé d'être un dictateur à d'autres moments, un titre qu'il a assumé avec ironie et fierté en 2021, se qualifiant de « dictateur le plus cool du monde ».
L'article a reçu 49 citations, 833 commentaires, 1 000 rediffusions, 2,4 000 mentions J'aime et 33 signets. Il a été classé -2 dans notre score d'impact civique car il s'agit d'une tentative à peine voilée et polarisante de normaliser l'autoritarisme de longue date du régime de Maduro face à l'autoritarisme croissant du régime de Bukele.
L’an dernier, plus de 7 000 bénévoles ont ramassé, en une seule journée, sur près de 153 kilomètres du littoral jamaïcain, plus de 43 000 kilos de déchets.
Initialement publié le Global Voices en Français
Déchets plastiques, port de Kingston, Jamaïque. Photo d'Emma Lewis, utilisée avec autorisation.
Cette année, le thème de la Journée mondiale de l’environnement, créée par les Nations Unies, est intitulé « Combattre la pollution plastique ». Si ce slogan semble familier, c’est parce que le problème des déchets plastiques persiste, que ce soit sur terre, dans les rivières et cours d’eau, ou dans l’océan. En Jamaïque, des opérations de nettoyage auront lieu ; par exemple, Jamaica Public Service (JPS), qui sur l’île détient le monopole en matière d’énergie, sera chargé de nettoyer une partie de la plage de Palisadoes et des mangroves sur lesquelles veille la Fondation JPS dans le cadre d’un programme de parrainage.
Depuis des années, Palisadoes, une bande de terre sableuse (tombolo) vulnérable reliant Kingston, Port Royal et l’aéroport international de la Jamaïque, fait l’objet d’innombrables nettoyages en raison de la pollution provoquée par le port de Kingston, et, à une moindre échelle, par l’océan. Palisadoes est classée zone humide d’importance internationale (RAMSAR), mais, de manière controversée, est aussi le site de la destruction de son milieu naturel. Les agences gouvernementales de la Jamaïque exploitent la zone protégée comme « lieu de récréation » qui, à ce titre, continue de souffrir ; les déchets solides et autres types de pollution continuent de compromettre un projet, lancé il y a dix ans, de plantation de mangroves qui pour leur conservation sont désormais clôturées.
Lors d’une conversation avec Global Voices via WhatsApp, Theresa Rodriguez-Moodie, directrice générale de Jamaica Environment Trust (JET), souligne que les matières plastiques ont un impact sur tous les aspects de notre vie :
This year’s theme, ‘Ending Plastic Pollution,’ is a powerful and urgent reminder that protecting the environment isn’t an abstract idea – it’s about real issues, like how plastic waste is choking our rivers, damaging our coastlines, harming wildlife, and even entering our food systems and our bodies.
« Combattre la pollution plastique », le thème de cette année, rappelle avec force et urgence que la protection de la nature n’est pas un concept abstrait ; il s’agit ici de problèmes réels, tels que la manière dont les déchets plastiques étouffent nos rivières, endommagent nos côtes, nuisent à la flore et à la faune, et envahissent même nos systèmes alimentaires et notre organisme.
JET est au cœur des opérations de dépollution. Des centaines d’organisations, d’écoles primaires et groupes communautaires, ainsi que des grandes entreprises et agences gouvernementales, participent à présent à la Journée internationale du nettoyage des côtes, inaugurée par Ocean conservancy en 1986. L’an dernier, plus de 7 000 bénévoles ont ramassé, en une seule journée, sur près de 153 kilomètres du littoral jamaïcain, plus de 43 000 kilos de déchets dont essentiellement (et sans grande surprise) près de 200 000 bouteilles en plastique et plus de 122 000 bouchons en plastique.
Les déchets textiles et le gaspillage lié à la mode, qui représentent une part importante des ordures ménagères, en particulier dans les ménages et sur les marchés urbains, sont une priorité pour 2025. Par ailleurs, de nombreux tissus contiennent une quantité considérable de plastique. Selon ONU-Habitat, 11 % des déchets plastiques générés dans le monde proviendraient des textiles et du secteur de la mode.
Outre l’accomplissement de JET à mobiliser les communautés et la société civile, la Fondation GraceKennedy, une organisation du secteur privé, travaille en partenariat avec Clean Harbours Jamaica et The Ocean Cleanup sur la tâche colossale que représente l’assainissement du port de Kingston. Après de fortes pluies, le port est souvent le théâtre de bouteilles en plastique et autres détritus flottant à la surface de l’eau, provenant de flux d’ordures qui émanent des ravins et caniveaux de la ville.
Ces trois dernières années, Kingston Harbour Cleanup Project (« Projet de nettoyage du port de Kingston ») (KHCP), a installé des barrages flottants et des intercepteurs de déchets, qui capturent les détritus avant qu’ils n’atteignent l’océan, dans 9 des 11 ravins les plus pollués du port. Le barrage flottant mis à flot au plus grand ravin (Sandy Gully) mesure près de 244 mètres de long. KHCP affirme que jusqu’à présent leurs efforts ont empêché environ 3 millions de kilos de déchets de se déverser dans le port. Pour illustrer ce point, dernièrement des personnes se promenant le long du front de mer du centre-ville ont observé de jeunes poissons qui se nourrissaient près de la jetée.
À ce stade, l'importance de l’engagement des bénévoles et de la communauté est primordiale. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire au niveau de la mobilisation du secteur privé, y compris des petites entreprises, le mouvement semble prendre de l’ampleur. Selon Caroline Mahfood, directrice générale de la Fondation GraceKennedy, les répercussions sont de plus en plus visibles.
The Kingston Harbour Cleanup Project is one of the most ambitious environmental initiatives we’ve ever supported, and its impact continues to grow. We’re not only removing waste from the Harbour; we’re building awareness, empowering communities, and inspiring the next generation to become stewards of our marine environment. Tackling plastic pollution takes a collective effort, and we’re proud to be part of a partnership that is truly turning the tide.
Le nettoyage du port de Kingston est l’un des projets les plus ambitieux que nous ayons jamais soutenus, et son impact est de plus en plus évident. Nous ne faisons pas qu’éliminer les déchets du port ; nous sensibilisons, responsabilisons les communautés et encourageons la prochaine génération à devenir les protecteurs de notre milieu marin. Lutter contre la pollution plastique réclame un effort collectif, et nous sommes fiers de faire partie d’un partenariat capable de vraiment changer le cours des choses.
Mais que devient tout le plastique collecté ? Actuellement en pleine expansion, Recycling Partners of Jamaica, un partenariat à but non lucratif entre les secteurs public et privé fondé en 2024, devrait recevoir une aide budgétaire de la part de l’État lors de la prochaine année financière. Gairy Taylor, son directeur général, explique sur WhatsApp que la clé du succès est la persévérance :
This past year, one of the biggest challenges we faced was making recycling more accessible, making sure that every Jamaican, no matter where they are, has a simple and reliable way to dispose of their plastic bottles. We’ve also had to shift behaviours, working to make recycling feel like second nature. That’s taken a lot of ongoing outreach, education, and consistent engagement.
L'an passé, l’un des obstacles majeurs auxquels nous avons été confrontés, était de faciliter l’accès au recyclage et s’assurer que tous les Jamaïcains, où qu’ils se trouvent, disposent d’un moyen simple et fiable pour se débarrasser de leurs bouteilles en plastique. Par ailleurs, nous avons œuvré pour modifier les comportements et faire en sorte que le recyclage devienne une seconde nature. Il a fallu pour cela beaucoup de travail de sensibilisation, d’éducation, et un engagement durable.
Malgré les défis, d’énormes progrès ont été constatés. En Jamaïque, en seulement deux ans, le taux de valorisation des bouteilles en plastique PET est passé de 11 à 40 %, une constatation qui selon Taylor est « le reflet de nos collaborations, des systèmes que nous avons développés, et de l’augmentation de l’engagement du public envers la durabilité ». Jusqu’à présent, plus d’un milliard de bouteilles ont été récupérées, et ce n'est pas fini. Taylor ajoute :
Recycling in Jamaica has huge potential. We want it to become an integral part of everyday life, transitioning from a novelty to a habit. That one bottle you dropped in the recycling bin contributed to the one billion collected over the last six years. Big change comes from small, consistent actions.
En Jamaïque, le recyclage présente un très gros potentiel. Nous voulons qu’il devienne une partie intégrante de la vie quotidienne et une habitude plutôt qu’une nouveauté. La bouteille que vous avez jetée dans le bac de recyclage fait partie de celles collectées ces six dernières années. Des actions modestes et cohérentes peuvent conduire à de grands changements.
Matthew Samuda, ministre de l’Environnement, a récemment informé le Parlement de l'intention du gouvernement jamaïcain d'étendre un projet pilote de tri des déchets au sein des établissements publics, une décision que beaucoup attendent depuis longtemps. L’initiative d’interdiction du plastique, une mesure lancée par Samuda en 2019 et exécutée en plusieurs phases, sera également élargie.
Néanmoins, des entreprises du secteur privé et des citoyens continuent d’adopter des pratiques et des comportements qui sont nuisibles à l’environnement. Par exemple, les passionnés d’ornithologie, randonneurs et touristes, tombent souvent sur des décharges sauvages, dans des endroits difficiles d’accès, notamment dans des mangroves. Une grande partie semble être composée de déchets de construction et de démolition, suggérant que les entreprises du bâtiment choisissent de se débarrasser de leurs détritus là où ça les arrange, au lieu de les transporter à la décharge locale qui implique du temps et de l’argent.
Sur ce point, ainsi que sur d’autres problèmes liés à l’élimination des déchets, la sensibilisation du public a besoin d’être considérablement renforcée, en marge de mesures répressives et de poursuites plus strictes. Lors de sa récente intervention parlementaire, le ministre Samuda a décrit « Nuh Dutty Up Jamaica » (littéralement : « Ne salissez pas la Jamaïque ») menée par JET, comme la campagne de lutte contre les déchets la plus retentissante, visant le changement de comportement, tout en laissant entendre que son administration pourrait trouver des moyens et moyens pour la soutenir et la «redynamiser».
Dans cette optique, le consommateur (le citoyen ordinaire) a un rôle crucial à jouer. Selon Rodriguez-Moodie de JET, « cela dépend de nous » :
Plastic pollution is one of the most visible and urgent environmental issues of our time. On World Environment Day, we’re reminded that the choices we make — what we buy, how we dispose of waste, and what we demand from companies and governments — can either worsen the crisis or help end it. We all have a role to play in building a future free from plastic pollution.
La pollution plastique est l’un des problèmes environnementaux les plus visibles et urgents de notre époque. La Journée mondiale de l’environnement nous rappelle que nos choix (ce que nous achetons, la manière dont nous éliminons les déchets, et ce que nous attendons des entreprises et gouvernements) peuvent soit aggraver la crise ou aider à y mettre fin. Nous avons tous un rôle à jouer dans la construction d’un avenir sans pollution plastique.
Alors que 175 nations peinent à parvenir à un accord concernant un Traité mondial contre la pollution plastique, et devraient reprendre les négociations au mois d’août à Genève, des petits États insulaires comme la Jamaïque n’ont d’autre choix que de continuer à lutter contre les déchets plastiques, sous toutes leurs formes.
Les attaques délibérées contre les systèmes de santé deviennent une caractéristique de la guerre moderne – et un test pour le droit international.
Initialement publié le Global Voices en Français
Capture d'écran du documentaire Gaza’s Al Shifa hospital revisited (L’hôpital Al Shifa de Gaza revisité), publié sur YouTube par Al Jazeera English. Utilisé avec permission.
Les corps de 15 secouristes palestiniens ont récemment été retrouvés à Gaza, présentant des signes caractéristiques d'exécutions sommaires. Selon les médecins présents sur place, les secouristes avaient des blessures par balles à la tête et les mains liées — des indicateurs troublants d'exécutions extrajudiciaires. Ce massacre s'ajoute à une série d'attaques ciblées contre le personnel médical dans le cadre de la guerre menée par Israël contre Gaza, et constitue un témoignage accablant de son mépris du droit international. Depuis le début du conflit, des milliers de professionnels de la santé ont été tués et des centaines ont été enlevés par Israël, avec des rapports faisant état de tortures.
Une vidéo trouvée sur le téléphone de l'un des secouristes découverts dans le charnier montre leurs derniers moments et a été présentée au Conseil de sécurité des Nations unies.
Cette vidéo a été découverte sur le téléphone portable d'un secouriste qui a été retrouvé avec 14 autres secouristes et travailleurs médicaux palestiniens dans un charnier a Gaza.
La Croix Rouge et le Croissant-Rouge l'ont présenté au Conseil de sécurité des Nations unies cette semaine. https://t.co/FozXtJ3Nsb
— Drop Site (@DropSiteNews) 5 avril 2025
Cet incident met en évidence non seulement un schéma de violence contre le personnel de santé et les hôpitaux, mais aussi l'absence quasi totale de responsabilités quant à la conduite d'Israël à Gaza, où la Cour Internationale de Justice (CIJ) a déclaré que des actes de génocide étaient plausibles. Ces attaques systématiques violent les principes fondamentaux du droit humanitaire international et reflètent une atteinte de plus en plus normalisée au droit de la santé en temps de guerre.
Ces dernières années, le ciblage des professionnels de santé, des hôpitaux et des infrastructures sanitaires dans les zones de conflits s'est intensifié de manière alarmante, et plus particulièrement en Asie de l'Ouest et Afrique du Nord. Cette tendance n'a jamais été aussi dévastatrice qu'à Gaza, où la destruction systématique du système de santé par Israël a atteint des niveaux sans précédent. Début 2024, plus de 761 actes de violence contre le système de santé palestinien ont été enregistrés, soit l'équivalent du nombre total d'attaques au Soudan, en Ukraine et en République Démocratique du Congo réunis.
Le rapport de 2023 de la Coalition pour la sauvegarde de la santé dans les situations de conflit fait état d'une augmentation de 25% des agressions contre les établissements et le personnel de santé dans le monde, ce qui en fait la pire année jamais enregistrée. Il s'agit notamment de bombardements, de pillages et de tueries qui ont paralysé le système de santé et privé les civils de soins essentiels. Le rapport indique que près de la moitié de ces attaques étaient imputables aux forces armées étatiques. Il met en évidence des schémas clairs de violence à l'encontre des structures de santé dans des pays comme le Myanmar, la Somalie, le Soudan, l'Ukraine et, de manière particulièrement marquante, à Gaza.
Le rapport note également que « Les conflits où la violence envers les structures de santé devient un schéma récurrent commencent fréquemment par des niveaux extrêmes de violence contre le système de santé. » En 2023, cette tendance était particulièrement marquée dans des régions comme Manipur (Inde), le Soudan et Gaza.
Les bombardements et le siège de Gaza par Israël ont non seulement dévasté les habitations et les infrastructures mais aussi démantelé systématiquement le système de santé. Des hôpitaux et des cliniques ont été bombardés, des convois médicaux ont été attaqués et le personnel soignant enlevé et tué. L'hôpital Kamal Adwan, par exemple, a été la cible de frappes aériennes répétées et son directeur, le docteur Hussam Abu Safiya, est toujours détenu par Israël où il aurait été maltraité. L'hôpital Al Shifa, le plus grand complexe médical à Gaza, a également été attaqué et détruit. Une enquête menée par Forensic Architecture a révélé l'existence de charniers dans l'enceinte de l'hôpital.
En février 2024, L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a montré que tous les hôpitaux de Gaza avaient été endommagés, détruits ou rendus inopérants en raison de pénuries de carburant et d'attaques. Au 30 novembre 2023, l'OMS avait déjà recensé 427 attaques contre le secteur de la santé à Gaza et en Cisjordanie. Elles avaient fait 566 morts et 758 blessés.
Des dizaines de vidéos filmées par des soldats israéliens détruisant des hôpitaux, des écoles et d'autres infrastructures civiles ont circulé sur Internet. La destruction de l'Hôpital de l'amitié turco-palestinienne en est un exemple récent.
Dernière minute : L'armée israélienne fait sauter et détruit l'Hôpital de l'amitié turque, le seul établissement à Gaza spécialisé dans le traitement des patients atteints de cancer. pic.twitter.com/QM0b3JKsDI
— Gaza Notifications (@gazanotice) 21 mars 2025
En mars 2025, une enquête des Nations Unies a conclu que la destruction des établissements de santé reproductive par l'armée israélienne à Gaza — ciblant les maternités, les cliniques de fécondation in vitro et restreignant l'accès aux soins essentiels — équivalait à des actes génocidaires. Le rapport explique en détail comment ces attaques délibérées, ainsi que les restrictions imposées sur l'approvisionnement en nourriture et en médicaments, ont partiellement détruit la capacité de reproduction des Palestiniens à Gaza.
« Ils nous ont ordonné à tous, hommes et femmes, de nous déshabiller et de continuer à marcher, nous ordonnant de ne regarder que devant nous. Je marchais nue entre les chars, sans même porter de sous-vêtements. Un soldat israélien m'a craché au visage. Je me suis forcée à ne pas réagir, car je savais qu'ils…» pic.twitter.com/8hW3C901tj
— Jewish Voice for Peace (@jvplive) 21 mars 2025
Les attaques israéliennes contre les systèmes de santé ont dépassé les frontières palestiniennes. Au cours de son offensive au Liban, d'octobre 2023 à octobre 2024, Israël a bombardé 37 établissements de santé et tué 70 professionnels de santé. Au 1er novembre 2024, le bilan s'élevait à 178 professionnels tués et 292 blessés. Au total, 243 ambulances, 84 cliniques et 40 hôpitaux ont été touchés par les attaques israéliennes.
L'OMS a noté que près de la moitié des attaques contre le système de santé au Liban ont été fatales, ce qui en fait le conflit le plus meurtrier pour les professionnels de santé dans le monde en termes de taux de mortalité par incident.
L'ampleur de ces attaques a suscité des réactions juridiques internationales. En décembre 2023, l'Afrique du Sud a saisi la CIJ pour accuser Israël de génocide à Gaza. De nombreux pays du Sud global se sont joints à cette action. En 2024, la Cour pénale internationale (CPI) a délivré des mandats d'arrêt à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.
Malgré ces mesures, Israël n'a fait l'objet d'aucune sanction ou responsabilité significative de la part de ses alliés occidentaux. Cette impunité contraste fortement avec les obligations légales des États en vertu du droit humanitaire international et de la convention sur le génocide.
Au Soudan, le conflit en cours a considérablement endommagé les infrastructures de santé. Au cours des 500 premiers jours de la guerre civile, près de la moitié des hôpitaux de Khartoum ont été endommagés, ce qui a eu de graves répercussions sur les soins médicaux. Un rapport fait état de dommages subis par 41 des 87 hôpitaux de Khartoum, ce qui constitue une violation du droit humanitaire international et pousse le système de santé, déjà fragile, au bord de l'effondrement — 70 % des établissements de santé étant hors d'état de fonctionner dans les États touchés.
Une enquête d'UntoldMag a révélé des attaques systématiques contre des hôpitaux à Al Fasher, ciblant des professionnels de la santé et décimant encore plus les infrastructures de santé du Soudan.
Le Soudan a depuis déposé une plainte auprès de la CIJ contre les Émirats arabes unis (EAU), les accusant d'avoir violé la convention sur le génocide en finançant et en armant le groupe rebelle des Forces de soutien rapide (FSR) dans le cadre de la guerre en cours au Soudan. Le Soudan allègue que les Émirats arabes unis ont soutenu les FSR alors que ces derniers commettaient des génocides, des meurtres, des viols et d'autres violations des droits de l'homme.
En Syrie, la guerre qui dure depuis dix ans a également été l'occasion de prendre pour cible les établissements et le personnel de santé, laissant le pays avec un système de santé meurtri et submergé. En 2021, un rapport de l'International Rescue Committee a montré certaines des pertes dévastatrices et des attaques contre le système de santé dans le pays. Parmi les personnes interrogées dans le cadre de ce rapport, 56 % ont déclaré qu'elles auraient peur de vivre à proximité des établissements de santé parce qu'ils sont des cibles.
Au Yémen, le conflit prolongé a donné lieu à de nombreuses attaques contre des établissements de santé par la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, aggravant davantage un système de santé déjà fragile. La destruction d'hôpitaux et de cliniques a privé des millions de personnes de l'accès aux services médicaux essentiels, exacerbant la crise humanitaire. Des rapports indiquent que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont mené plus de 130 attaques contre des hôpitaux et des infrastructures de santé, violant ainsi le droit humanitaire international.
Cette normalisation croissante des attaques contre les établissements et le personnel de santé reflète une crise dans l'ordre mondial de l'après-Seconde Guerre mondiale, où le droit international, les institutions et les protections font l'objet d'une attaque sans précédent.
Les protections inscrites dans le droit international – en particulier les conventions de Genève – sont régulièrement bafouées, notamment par les États puissants et leurs alliés. Si des mécanismes juridiques tels que la CIJ et la CPI offrent des lueurs d'espoir, ils restent sans effet en l'absence de mécanismes d'application et de volonté politique.
Les affaires de la CPI et de la CIJ, ainsi que les réactions des pays occidentaux, mettent en évidence l'absence de responsabilité des auteurs de ces crimes. En l'absence de sanctions, d'actions en justice et de la fin du bouclier politique pour des pays comme Israël, l'érosion des normes protégeant les civils dans les conflits se poursuivra – et avec elle, l'effondrement des systèmes fragiles censés protéger la vie en temps de guerre.
Le discours émouvant de Tanya Haj-Hassan, médecin en soins intensifs pédiatriques qui a travaillé à Gaza, reflète les dangers de la normalisation des attaques contre les hôpitaux et le personnel médical.
18 mois de cet holocauste. Nos dirigeants continuent de le soutenir.
« Lorsque j'étais à Gaza, j'ai eu l'impression que c'était le prélude à la fin de l'humanité », a déclaré Tanya Hassan, médecin héroïque, à l'ONU.
Ne le ressentez-vous pas vous aussi ? Je ne vois aucun moyen de revenir sur ce que nous avons laissé se produire. pic.twitter.com/bf0YvDzF8c
— Matt Kennard (@kennardmatt) 20 mars 2025
La normalisation des attaques contre les systèmes de santé est une conséquence directe de cette impunité. Elle reflète non seulement l'effondrement de la gouvernance mondiale, mais aussi une redéfinition dangereuse de ce qui est admissible en temps de guerre. Tant que les auteurs de ces attaques ne subiront aucune conséquence, les hôpitaux continueront d'être bombardés, les médecins seront traités comme des combattants et le droit à la santé restera l'une des premières victimes de la guerre.
« L'avenir de la finance est déjà numérique. Si nous ne le comprenons pas, nous risquons d'être laissés pour compte. »
Initialement publié le Global Voices en Français
Photo de Gideon Kombian, fournie et utilisée avec son consentement.
L'université de Harvard prédit que la technologie façonnera l'avenir de la finance, avec des tendances telles que des sociétés sans liquidités, l'essor des cryptomonnaies, l'utilisation généralisée des monnaies numériques, et l'introduction par les gouvernements de la Monnaie numérique de banque centrale (MNBC).
Toutefois, un rapport sur l'inclusion financière publié par S&P, une entreprise mondiale de notation financière, révèle un problème de taille : 68% des Ghanéens sont financièrement illettrés, ce qui place le Ghana parmi les pays les moins avancés en matière d'éducation financière. Une étude récente souligne également une importante inégalité des genres. Les femmes sont confrontées à de plus grands obstacles en matière d'inclusion financière notamment à cause de revenus inférieurs, d'accès restreint à l'éducation financière et d'un climat de méfiance envers les institutions financières. Au Ghana, les hommes sont généralement plus instruits financièrement que les femmes en raison d'une offre éducative et professionnelle plus large.
Face à cette situation, Gideon Kombian a cofondé une organisation à but non lucratif dédiée à l'éducation des jeunes femmes ghanéennes en matière de finance et de Bitcoin. Dans une interview accordée à Global Voices, il a parlé de son travail et de la dynamique évolutive de l'adoption des cryptomonnaies en Afrique.
Zita Zage (ZZ): Pouvez-vous nous parler de vous?
Gideon Kombian (GK): I work as a software engineer with 10 years experience. I’m also the co-founder and Executive Director of Bitfiasi, a non profit organisation that helps young African women gain confidence with money, learn about Bitcoin, and explore digital tools for growth.
I started Bitfiasi because I care about giving people access to knowledge that can truly change their lives. One of the things I’m passionate about is building a Bitcoin circular economy where people don’t just buy Bitcoin, but actually use it in everyday life to earn, save, and spend. It’s a way to strengthen local communities and make financial freedom more real and reachable.
Gideon Kombian (GK): Je travaille comme ingénieur logiciel depuis 10 ans. Je suis également cofondateur et directeur exécutif de Bitfiasi, une organisation à but non lucratif qui aide les jeunes femmes africaines à atteindre l'autonomie financière, à apprendre davantage sur le Bitcoin et à exploiter les outils numériques pour leur développement personnel.
J'ai créé Bitfiasi parce qu'il me tient à cœur de donner aux gens l'accès à des connaissances qui peuvent réellement changer leur vie. L'une des choses qui me passionnent, c'est de construire une économie circulaire basée sur le bitcoin, où les gens ne se contentent pas de l'acheter, mais aussi de l'utiliser dans la vie de tous les jours pour gagner, économiser et dépenser de l'argent. C'est un levier pour renforcer les communautés locales et rendre la liberté financière plus réelle et accessible.
ZZ: Qu'est-ce qui vous a motivé à créer une organisation dédiée à l'éducation des femmes en matière de finance et de bitcoin, et pourquoi cela devrait-il intéresser les gens?
GK: I’m very passionate about money and Bitcoin because I’ve seen how a lack of financial knowledge can hold people back, especially women. In many communities, women are managing households, running small businesses and taking care of families. But no one really teaches them about how money really works or how to grow it.
Bitcoin matters to me because it gives people real control over their money. Most people see it as an investment tool, I see it more as a tool for freedom. It lets you save in a way that isn’t affected by inflation or broken systems. People should care about this because the world is changing really fast. The future of money is already digital, and if we don’t understand it, we risk being left behind.
GK : Je suis très passionné par l'argent et le bitcoin, parce que j'ai vu à quel point le manque de connaissances financières peut freiner les gens, en particulier les femmes. Dans beaucoup de communautés, ce sont les femmes qui tiennent les foyers, gèrent de petits commerces et s'occupent de leurs familles. Pourtant, personne ne leur apprend vraiment comment fonctionne l'argent ni comment le faire fructifier.
Le bitcoin est important à mes yeux parce qu'il permet aux gens d'avoir un véritable contrôle sur leur argent. Beaucoup le considèrent comme un outil d'investissement, moi, je le vois plus comme un outil de liberté. Il offre un mode d'épargne à l'abri de l'inflation et des failles des systèmes traditionnels. Les gens devraient s'y intéresser, car le monde change à une vitesse vertigineuse. L'avenir de la finance est déjà dans le numérique, et si nous refusons de le comprendre, nous risquons d'être laissés pour compte.
ZZ : Quelle est la différence entre l'argent et le bitcoin? Qu'est-ce qui vous pousse à vouloir mettre en place une économie circulaire?
Gideon Kombian (GK): When you look at our form of money, the Ghanaian cedi, it keeps losing value. Prices go up, but your money doesn’t stretch as far. Not everyone has access to banks, and even though mobile money is popular, there are still people who don’t use it or don’t trust it.
Bitcoin is different. It’s digital money that anyone with a phone can use. It’s not controlled by any government, and it holds its value better over time. But for it to really make sense in our lives, we need to be able to use it, not just save it.
That’s why I’m building a Bitcoin circular economy. It’s about helping people earn Bitcoin, save it, and spend it in their everyday life — like paying for food, transport, or services. It’s a way to build stronger communities with money that works for us.
Gideon Kombian (GK) : Quand on regarde notre monnaie, le cedi ghanéen, elle ne cesse de perdre de sa valeur. Les prix augmentent, mais notre pouvoir d'achat diminue. Tout le monde n'a pas accès aux banques, et bien que l'argent mobile soit populaire, il y a encore des gens qui ne l'utilisent pas ou n'ont pas confiance.
Le bitcoin est différent. Il s'agit d'une monnaie numérique accessible à toute personne possédant un téléphone. Elle n'est soumise à aucun contrôle gouvernemental, et conserve mieux sa valeur dans le temps. Cependant, pour que le bitcoin ait un réel impact dans nos vies, il faut qu'on puisse l'utiliser et non juste l'épargner.
C'est la raison pour laquelle je m'investis dans la création d'une économie circulaire basée sur le bitcoin. L'idée c'est d'aider les gens à gagner, à épargner et à dépenser le bitcoin au quotidien pour acheter de la nourriture, se déplacer ou s'offrir des services. C'est une manière de créer des communautés plus fortes, avec une monnaie qui nous sert vraiment.
ZZ : Comment un ingénieur logiciel comme vous en est-il venu à en savoir autant sur l'argent et le bitcoin? Avez-vous suivi une formation en finance ou eu un mentor?
GK: I didn’t come from a finance background, I studied Computer Science and Statistics and became a software engineer. But in 2018, when I started learning about Bitcoin, I began asking deeper questions about money. Why does it lose value [in some countries]? Why is it so hard for people to save or grow wealth, especially in Africa?
GK : Je n'ai pas de formation en finance à la base. J'ai étudié l'informatique et les statistiques, ce qui m'a conduit à devenir ingénieur logiciel. Mais en 2018 quand j'ai découvert le bitcoin, j'ai commencé à me poser des questions profondes sur la monnaie. Pourquoi perd-elle de la valeur, notamment dans certains pays? Pourquoi est-il si difficile d'épargner ou de faire fructifier son argent, surtout en Afrique?
ZZ: Dans votre quête de réponses, qu'avez-vous découvert sur les difficultés à épargner ou à faire fructifier de l'argent en Afrique?
GK: It’s hard for many Africans to save or grow wealth because incomes are low and unstable. Government policies like high taxes, strict business rules, and rising interest rates make things worse.
Most people also can’t access good investment options, and [Ghana's] financial literacy is still low around 32 percent. So even when people want to do better with money, the system isn’t built to help them.
All of this creates a system where people work hard but struggle to move forward. That’s why we need better tools and better education, so more people can take better control of their finances.
GK : Il est difficile pour certains Africains d'épargner ou de faire fructifier de l'argent parce que les revenus sont faibles et instables. À cela s'ajoutent des politiques gouvernementales comme des impôts élevés, des exigences administratives lourdes pour les entrepreneurs, et la hausse des taux d'intérêt qui rendent les choses difficiles.
Nombreux sont ceux qui n'ont pas accès à de bonnes options d'investissement, le taux d'éducation financière au Ghana reste faible, autour de 32 pour cent. Donc quand bien même les gens veulent mieux gérer leur argent, le système n'est pas fait pour les aider.
Tout cela crée un environnement où les gens travaillent dur, mais ont du mal à progresser. C'est la raison pour laquelle nous avons besoin de meilleurs outils et d'une meilleure éducation financière, pour que davantage de personnes puissent reprendre le contrôle de leurs finances.
ZZ: Je sais que la République centrafricaine (RCA) a été le premier pays en Afrique à adopter les cryptomonnaies comme monnaie légale. De son côté, le Nigeria est le premier pays en Afrique à avoir lancé et mis en place sa propre monnaie numérique de banque centrale (MNBC), l'eNaira. Pouvez-vous nous éclairer sur l'état actuel de l'adoption des cryptomonnaies en Afrique? D'autres pays africains ont-ils légiféré en faveur ou contre leur utilisation?
GK: The state of Bitcoin adoption in Africa is growing rapidly, driven largely by grassroots use rather than government support. Public interest in Bitcoin often goes far beyond government policies. Many Africans turn to Bitcoin to protect their income from inflation and unstable local currencies. In countries like Nigeria, Ghana, Kenya, and South Africa, Bitcoin is widely used for savings, remittances, and business especially by young people and small business owners.
However, not all countries are supportive of the use of Bitcoin. Egypt, and Algeria have either banned or placed heavy restrictions on the use of Bitcoin and other cryptocurrencies due to religious, financial, and legal concerns. In Egypt, for example, the government has banned crypto in general, but the country still ranks high in global crypto interest, showing that people continue to use it informally.
The Nigerian government also placed restrictions on banks dealing with crypto due to concerns about illegal activities, scams, lack of consumer protection, and the fear that crypto could weaken the national currency. However, the country remains one of the top in the world for peer-to-peer Bitcoin trading.
In contrast, some countries like Namibia and Botswana are starting to create frameworks to regulate and support the crypto space.
Overall, Africa is one of the most promising regions for Bitcoin, not because of top-down adoption, but because of the real everyday problems Bitcoin helps solve. From cross-border trade to inflation protection and financial access, people are using Bitcoin as a practical tool. As education and awareness grow, so will adoption, whether or not governments are ready for it.
GK : L'adoption du bitcoin en Afrique connait une croissance rapide, principalement due à son utilisation par la population plutôt qu'au soutien gouvernemental. L'intérêt du public pour le bitcoin va souvent bien au-delà des politiques gouvernementales. De nombreux Africains se tournent vers le bitcoin pour protéger leurs revenus de l'inflation et de l'instabilité des monnaies locales. Dans les pays comme le Nigéria, le Ghana, le Kenya ou encore l'Afrique du Sud, le Bitcoin est utilisé pour l'épargne, les envois de fonds et les affaires, en particulier par les jeunes et les petits entrepreneurs.
Toutefois, certains pays restent hostiles à son utilisation. L'Égypte et l'Algérie ont interdit ou fortement restreint l'usage des cryptomonnaies, invoquant des raisons religieuses, juridiques et financières. En Égypte par exemple, bien que le gouvernement ait interdit les cryptos en général , le pays conserve une position élevée dans les classements mondiaux relatifs à l'intérêt porté aux cryptomonnaies. Cela prouve que les gens continuent à l'utiliser de manière informelle.
Le gouvernement nigérian a également imposé des restrictions aux banques traitant avec des cryptomonnaies, par crainte d'activités illégales, d'arnaques, d'absence de protection pour les clients et par peur de voir les cryptos affaiblir la monnaie nationale. Malgré cela, le pays figure parmi les leaders mondiaux d'échange du Bitcoin en pair-à-pair.
À l'inverse, certains pays comme la Namibie et le Botswana commencent à mettre en place des mesures pour encadrer et soutenir le secteur des cryptomonnaies.
Dans l'ensemble, l'Afrique apparaît comme l'un des terrains les plus favorables au développement du Bitcoin, non pas en raison d'une adoption imposée par les autorités, mais parce qu'il répond aux problèmes concrets du quotidien. Qu'il s'agisse du commerce transfrontalier, de la protection contre l'inflation ou de l'accès aux services financiers, les gens utilisent le Bitcoin comme un outil pratique. Au fur et à mesure que l'éducation et la sensibilisation se renforcent, l'adoption s'intensifiera, que les gouvernements soient prêts ou non pour cela.
ZZ: Quel impact souhaitez-vous avoir à travers votre organisation et dans la vie des femmes africaines? Et comment comptez-vous y parvenir?
GK: Through Bitfiasi, I want to help African women gain confidence and control over their money, their choices, and their future. Women are the backbone of our families and communities, they manage homes and raise children. But many are stuck in a cycle of poverty, not because they aren’t capable, but because they don’t have access to the right knowledge or tools.
We teach financial literacy and Bitcoin in simple and practical ways. We help women understand how money works, how to save and grow it, and how to use Bitcoin to protect their earnings and unlock new opportunities.
Our long-term goal is to build a Bitcoin circular economy where everyone can earn, save, and spend using Bitcoin in their daily lives. This isn’t just about technology, it’s about helping women break free from poverty and lead stronger, more independent lives.
GK : À travers Bitfiasi, je souhaite aider les femmes africaines à gagner en confiance et à avoir le libre arbitre sur leur argent, leurs choix et leur avenir. Les femmes sont des piliers de nos familles, de nos communautés, elles gèrent les foyers et éduquent les enfants. Pourtant, beaucoup d'entre elles restent prisonnières du cycle de la pauvreté, non pas parce qu'elles sont incapables, mais parce qu'elles n'ont pas accès aux bonnes informations et aux bons outils.
Nous leur enseignons la littéracie financière et le Bitcoin de manière simple et concrète. Nous aidons les femmes à comprendre comment fonctionnent l'argent, comment l'épargner et le faire fructifier et comment utiliser le Bitcoin pour protéger leurs revenus tout en accédant à de nouvelles opportunités.
Notre objectif à long terme est de construire une économie circulaire basée sur le Bitcoin, dans laquelle chacun pourra gagner, épargner et dépenser en Bitcoin au quotidien. Ce n'est pas juste une affaire de technologie, c'est une manière d'aider les femmes à sortir de la pauvreté et à atteindre la stabilité et l'autonomie financière.
La barrière linguistique entre le français et l’anglais est un défi pour la vérification des documents.
Initialement publié le Global Voices en Français
Dans le parc à bois de Kasindi ; Photo Ghislain Mbakulirahi
Cet article est repris sur Global Voices dans le cadre d'un partenariat avec Icicongo. L'article original est à retrouver sur le site Icicongo.
En Afrique de l'Est, fraudes massives et absence de contrôles frontaliers encouragent le commerce illégal du bois.
Sur la route de Ngong, ville située au sud-ouest de Nairobi, capitale du Kenya, le bruit des maillets et des scies sature l’air. Au marché de meubles situé en bord de route, des hommes aux muscles saillants transportent du bois fraîchement coupé à l’aide de chariots et de camions en se faufilant à travers la foule des acheteurs.
Dans des ateliers en plein air, des menuisiers fabriquent des meubles élégants en acajou solide, résistants aux termites et conçus pour durer pour des acheteurs fortunés. Mais derrière ces meubles polis et ces fauteuils finement sculptés se cache un vrai problème: une chaîne d’approvisionnement obscure, des frontières poreuses et une exploitation forestière remontant à plus de mille kilomètres jusqu’au cœur de la République Démocratique du Congo (RDC).
Anthony Muchui, gérant d'un magasin de meubles le long de la route de Ngong depuis 2018 explique :
Presque tout l’acajou ici vient du Congo. Il est durable, résistant aux chocs, et il a une finition superbe.
Muchui estime que son entreprise consomme environ 30 tonnes d’acajou tous les mois ou deux. Mais il a ses propos soucis: citant des défis logistiques et les approvisionnements irréguliers, il dit:
Obtenir du bois du Congo entre août et décembre est difficile.
Le bois arrive par l’intermédiaire d’agents qui obtiennent des permis auprès des autorités congolaises et ougandaises. Une fois entrés au Kenya, les conducteurs de camions présentent des documents en provenance de la RDC, des papiers fiscaux de l’Autorité des recettes du Kenya (Kenya Revenue Authority – KRA) et leurs cartes d’identité personnelles. Mais Muchui admet que tout le bois n’est pas « propre ».
Je dépends des documents, mais on sait tous que le bois illégal passe encore.
Samuel Mwenda, propriétaire de Rehoboth Finest Timber and Furniture Dealers, une société de bois, importe du bois du Congo et de l’Ouganda. Il utilise des agents stationnés à la frontière de Busia, ville située entre l'Ouganda et le Kenya, pour traiter les documents. Tout en insistant sur l'importance des documents, il explique :
Si tout va bien, cela prend quatre jours, mais nous savons que le système peut être manipulé.
Les conducteurs de camions ne sont pas outillés pour vérifier la légalité du bois. Nicholas Mbugua, Secrétaire exécutif du Syndicat des conducteurs de camions longue distance et travailleurs alliés du Kenya déclare :
Nous ne suivons pas ce qui est légal ou non. Nous avons poussé pour avoir un bureau de surveillance à la frontière, mais rien de concret pour l’instant. Les conducteurs ne sont pas formés pour détecter les faux permis. Nous avons besoin d’un bureau conjoint avec la KRA pour inspecter correctement les documents.
Le Kenya a interdit l’exploitation des bois durs indigènes en 2018, ce qui a entraîné une grave pénurie ; mais l'interdiction a été levée en juillet 2023. Selon le Dr Joshua Cheboiwo, ancien directeur général de l’Institut de recherche forestière du Kenya (KEFRI), le pays a besoin d’environ 100 000 mètres cubes de bois dur chaque année, dont la plupart provient désormais de la RDC. Il explique:
Entre 65 000 et 68 000 mètres cubes sont officiellement importés chaque année, mais le chiffre réel est probablement bien plus élevé. Une grande partie provient des frontières poreuses ».
Cette chaîne d’approvisionnement implique plusieurs acteurs. Les entrepreneurs ougandais engagent souvent des Congolais pour abattre des arbres à l’aide de tronçonneuses et de scieries mobiles. Le bois est ensuite transporté à travers l’Ouganda jusqu’au Kenya, fréquemment sans surveillance adéquate. Cheboiwo précise :
« Une fois qu’il atteint le Kenya, il est tamponné et semble légal. Mais la gouvernance fragile en RDC rend difficile la vérification de l’origine réelle.
Dans l’est de la RDC, l’exploitation du bois est concentrée dans les provinces de l’Ituri (à l'Est, près de la frontière avec l'Ouganda) du Bas-Uélé (au nord du pays) et de la Tshopo (centre-nord-est de la RDC). Ces régions forestières sont devenues une mine d’or pour les opérateurs de coupe de bois du Nord-Kivu et de l’Ituri. Justin Malekani, ancien responsable de l’exploitation forestière, devenu menuisier à Butembo, explique:
Les chefs locaux vendent l’accès aux arbres. Nous payons le ‘Kingiyapoli’ [une forme de droit d'accès], généralement une chèvre et de la bière, et engageons des pygmées comme guides car ce sont eux qui connaissent le mieux la forêt.
Un seul arbre d’acajou (Linzo) peut coûter entre 300 et 500 dollars américains, en fonction de sa taille.
Les opérateurs travaillent souvent de manière informelle, engagent des machinistes, payent en espèces et transportent le bois à l’aide de vélos, de porteurs ou de camions.
Un machiniste qualifié peut produire trois mètres cubes de planches par jour, soit environ trois tonnes ou 36 planches. Malekani précise :
Il faut bien les nourrir pour garder ce rythme.
Les opérations légales nécessitent un permis du Fonds National Forestier (FFN) et un bornage par le service de l’environnement. Mais beaucoup contournent ces exigences. Sous l'anonymat, un opérateur dit :
La fraude rend les choses trop faciles. Si nous enregistrons des entreprises, nous ferons faillite à cause de la bureaucratie. Travailler seul est mieux.
D’autres opèrent avec la protection de groupes armés ou d’élites politiques. Un membre d’un bureau local d’exploitation forestière témoigne :
Si tu poses trop de questions, tu commences à recevoir des appels. Certains opérateurs illégaux se servent des permis des exportateurs légaux, compliquant ainsi la traçabilité.
Au poste frontalier de Kasindi, entre la RDC et l’Ouganda, les exportateurs de bois font face à une procédure compliquée: ils doivent payer l’Office Congolais de Contrôle (OCC), l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) et d’autres agents. Un montant variant entre 1000 et 1200 dollars est payé avant même que les camions ne soient chargés. A cela s'ajoutent les pots-de-vin en bord de route. Mika Mathe, entrepreneur en exploitation forestière déclare :
On nous arrête à chaque point de contrôle et on nous demande 5 000 francs congolais (2 dollars américains) ou 10 000 francs congolais (4 dollars américains).
Au parc à bois de Kasindi, les responsables sont censés enregistrer les détails du bois mais de nombreux exportateurs évitent cette étape. De plus, les camions partent souvent scellés et non inspectés, à destination de l’Ouganda ou du Kenya.
Une étude de 2023 menée par Silvia Ferrari et Paolo Omar Cerutti a révélé que 93 % du bois passé par la frontière de Kasindi en 2021 ne disposaient pas de permis d’exploitation valides :
La plupart des documents mentionnent une seule espèce, l’acajou africain. De nombreux camions circulent la nuit ou le week-end pour éviter les inspections.
Au poste frontalier de Busia, au Kenya, les fonctionnaires de la KRA et du Kenya Forest Service (KFS) examinent les certificats d’origine et les documents de transit. Pourtant, certaines cargaisons échappent aux contrôles officiels. Andrew Soi, Chef adjoint du KFS admet :
Nous savons que du bois est introduit clandestinement. Certains camions arrivent sans passer par les points d’entrée réguliers.
Le Chef du KFS, Alex Lemarkoko, indique que le Kenya renforce les contrôles phytosanitaires et collabore avec d’autres pays pour suivre les mouvements de bois.
Nous avons besoin de coordination transfrontalière et de surveillance renforcée.
Les experts affirment que protéger le bassin du Congo nécessite une solution régionale. Avec des forêts déjà épuisées au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, la demande s’est déplacée vers la RDC. Paolo Cerutti, chercheur de CIFOR-ICRAF, explique
De nombreux agents à la frontière RDC-Ouganda sont impliqués dans le commerce. Certaines cargaisons sont légales. D’autres ne le sont pas.
Cerutti et d’autres chercheurs exhortent les organismes régionaux comme la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) à agir.
Ils ont fait des promesses sur papier pour protéger les forêts. Il est temps de les concrétiser.
Un tiers des femmes togolaises ont été victimes de violences physiques ou sexuelles
Initialement publié le Global Voices en Français
Des femmes agents de santé communautaires en séance formation dans la préfecture de Dankpen, située dans la région de la Kara au nord du Togo ; Photo d'Émile Bobozi, utilisée avec permission.
Par Emile Bobozi
Dans les communautés isolées du Togo, les femmes portent l'essentiel de la charge familiale mais restent engagées pour le développement de leurs communautés, malgré les pressions socioculturelles.
Dans la région de la Kara, au nord du Togo, il existe de nombreuses zones enclavées où les infrastructures sont limitées, comme dans des communautés à Bassar, ou chez les Kabyè, Lamba et Konkomba. Les routes y sont souvent impraticables et les cours d’eau compliquent l’accès aux hôpitaux, ce qui pose des défis importants pour les soins de santé. Les femmes qui travaillent comme agents de santé communautaire doivent donc combiner les obligations professionnelles et familiales pour assurer des soins essentiels à leurs communautés.
Au Togo, les femmes représentent plus de 51,3% dans une population de plus de 9 millions d'habitants. Le taux d’analphabétisation est de 33% chez les hommes, et presque le double chez les femmes.
Dans la culture traditionnelle togolaise, les stéréotypes de genre persistent, empêchant souvent les femmes de s’affirmer et de prendre des décisions de façon autonome.
Dans les zones rurales, l'agriculture est le principal secteur d’activité qui emploie 80% de la population active féminine dans l’agriculture de subsistance qui sert principalement à nourrir chaque famille et à répondre aux besoins quotidiens. Toutefois, seules 15% d'entre elles détiennent des titres fonciers. Cet accès limité à la propriété foncière et aux crédits agricoles les rend dépendantes des hommes pour les ressources et des décisions. De nombreuses femmes subissent souvent des discriminations et des violences économiques, qui selon une étude démographique se double parfois de violences physiques: environ 32% des femmes togolaises ont été victimes de violences physiques ou sexuelles depuis l'âge de 15 ans.
Dans certaines situations, les femmes voient aussi leurs récoltes confisquées par leurs beaux-frères en cas de veuvage; d’autres effectuent des travaux pénibles non rémunérés (décorticage manuel, portage d'eau). Selon un rapport de l’ONU Femmes, 42% des cultivatrices rapportent des harcèlements dans les champs isolés; elles font également face aux chantages sexuels pour avoir accès aux engrais ou subventions.
Image des femmes communautaires au cours d'une sensibilisation sur les violences basé sur le genre à Bassar ; Photo d'Émile Bobozi, utilisée avec permission
Sarakawahalou Awilia est mère de trois enfants et représentante des agents de santé communautaire (ASC) dans le canton de Manga, au district de Bassar, dans la région de la Kara à 490 km au nord de Lomé, la capitale du Togo. Dans son travail, elle est la première responsable des agents de santé communautaire de son canton et couvre plus 450 ménages dans cinq villages dont elle a la charge. Son travail témoigne de son professionnalisme: absence de décès d'enfants de moins de cinq ans et absence d'accouchements à domicile.
Depuis 2018, elle œuvre pour améliorer l’accès aux soins de santé dans sa communauté. Cependant, derrière cette réussite professionnelle se cache une réalité personnelle complexe: elle vit une pression familiale de la part de son mari qui veut avoir le contrôle total sur son salaire, et la menace de violence conjugales.
Sarakawahalou fait partie des 195 femmes devenues agentes de santé communautaire professionnelle avec l’ONG Santé Intégrée. Environ 35% de ces 195 femmes ont déjà subi des violences basées sur le genre (VBG). Mariée depuis 2010, Sarakawahalou a vu sa situation s'aggraver lorsque son salaire d'Agent de Santé Communautaire (ASC) a provoqué des tensions avec son mari. Ce dernier exige une part importante de ses revenus et, face à son refus, il a recours à la violence.
Malgré les interventions de son ONG et des autorités locales, Sarawahalou a cédé aux demandes de son mari pour préserver la paix familiale. Elle se rappelle des paroles proférées par son mari à son endroit:
Tu vas quitter ma maison si tu ne me donnes pas 25.000 FCFA (44 dollars américains) ce mois, d’ailleurs c'est grâce à moi que tu as été recrutée, si je ne t’avais pas épousée tu n’aurais pas ce travail.
Face aux menaces du mari, elle lui répond:
C’est dans mon salaire que je fais la cuisine et prends soins des enfants. Combien de fois as tu dépensé pour les soins de santé des enfants? Moi je pense qu’on doit s’entendre au lieu de me menacer.
Aujourd'hui, elle vit toujours avec son mari grâce à l’accompagnement dans le processus de résolution de ce problème. Elle espère que des efforts supplémentaires de sensibilisation permettront à son mari de reconnaître la valeur de son engagement.
Le Togo a adopté plusieurs lois pour protéger les droits des femmes et lutter contre les discriminations et violences basées sur le genre. En ce qui concerne les droits matrimoniaux des femmes, le Code des personnes et de la famille indique en son article 391:
Les femmes ont les mêmes droits que les hommes en matière de mariage, de divorce, de succession et de gestion des biens familiaux.
Le Nouveau code pénal, qui date de novembre 2015, protège les femmes contre le harcèlement physique, moral et économique dans ses articles 232 à 237. Ceci devrait pouvoir dissuader les auteurs de violences, en mettant l'accent sur les peines prévues pour les actes graves tels que les violences sur une femme enceinte ou les rites dégradants. L'article 234 stipule:
Toute personne coupable des violences physiques ou psychologiques sur une femme enceinte est punie d'une peine de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion criminelle et d'une amende de 500.000 FCFA (885 dollars américains) à 2.000.000 FCFA (3538 dollars américains) ou de l'une de ces deux peines.
La peine est de cinq (05) à dix (10) ans de réclusion criminelle si ces violences ont entraîné la mort de la victime.
Il en est de même pour le Code du travail qui renforce la protection de l’emploi des femmes, notamment pendant la grossesse et le congé de maternité. Il précise en son article 148 :
Une femme enceinte peut quitter son travail sans préavis ni indemnité de rupture. Elle a droit à un congé de maternité de 14 semaines, dont 6 semaines après l'accouchement, prolongeable en cas de complications ou de grossesse multiple.
Et l’article 158 ajoute:
“les périodes de repos des femmes en couche, prévues à l’article 148 du présent code, ni dans la limite de six (06) mois, les absences pour maladie dûment constatée par un médecin agréé”
A côté de ces lois qui protègent les femmes togolaises, des organisations de protection et de défense des droits des femmes travaillent pour une meilleure protection dans les faits.
Women in law and Development in Africa-Togo (Wildaf-Togo) œuvre pour les droits des femmes en déployant des cliniques juridiques mobiles et en sensibilisant aux droits reproductifs dans les zones rurales. L’association des Femmes Togolaises pour les Nations Unies (AFTNU) aide les femmes de Kara à devenir économiquement autonomes en leur offrant des micro crédits sans intérêts et des formations au leadership politique. Grâce à l’initiative ”Zéro mariage d’enfants”, 200 filles à risque ont pu être scolarisées et 87 mariages précoces ont été annulés.
Mais l'application des lois censés protéger les femmes reste un défi majeur. De nombreuses femmes ne sont pas informées de leurs droits ou n’ont pas accès aux structures de soutien nécessaires. Les efforts de sensibilisation et de formation sont donc essentiels pour garantir l'application effective de ces lois pour que les femmes puissent en bénéficier.
Cet article est écrit dans le cadre du Programme Impact West Africa Fellowship de Aspen Global Innovators
RFI et France 24 sont très écoutés et suivis au Togo
Initialement publié le Global Voices en Français
Capture d'écran de la chaîne YouTube de 100% Afrique
Les pratiques menaçant la quiétude des journalistes dans le monde médiatique togolais refont surface, rendant de plus en plus difficile l’exercice de la liberté de la presse au Togo.
Le 6 juin 2025, Flore Monteau, journaliste française et correspondante pour la chaîne française de TV5 Monde au Togo, a été interpellée lors des manifestations par des policiers. Selon le média Togo Scoop, il lui est reproché d’avoir filmé des scènes de dégagement de barricades par des policiers, images qu'on lui demande d'effacer.
En avril 2025, Albert Agbéko, journaliste et directeur de publication du média Togo Scoop a subit le même sort alors qu'il fait son travail dans une école à Tsévié, une ville situé à 35 km au nord de Lomé.
Dix jours après l'incident dont est victime Flore Monteau, le 16 juin 2025, une décision de la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication (HAAC), organe de régulation du travail des médias au Togo, prend de court les professionnels de médias. Il s’agit de la suspension de trois mois de Radio France Internationale (RFI) et France 24, deux médias français qui émettent au Togo à travers leurs correspondants. D'une population de plus de 9 millions d'habitants, le Togo est un pays largement francophone et l’écoute de ces médias français est répandue dans le pays.
Le communiqué actant cette suspension a été relayé par Flore Monteau sur son compte :
Le #Togo suspend les médias @RFIAfrique et @France24_fr pour une durée de 3 mois, reprochant des “faits inexacts et tendancieux portant atteinte à la stabilité et l’image du pays” pic.twitter.com/CT5l2SxheF
— Flore Monteau (@flore_monteau) June 16, 2025
La HAAC estime que cette mesure fait suite à des manquements répétés, déjà signalés et formellement rappelés, en matière d’impartialité, de rigueur et de vérification des faits. Le communiqué précise :
Plusieurs émissions récentes ont relayé des propos inexacts, tendancieux, voire contraire aux faits établis , portant atteinte à la stabilité des institutions républicaines et à l’image du pays.
Les deux médias, de leur côté, indiquent avoir été surpris par cette décision de l'autorité de régulation. Dans son article consacré à ce sujet, TV5 Monde précise :
Les deux médias ont déclaré lundi soir dans un communiqué conjoint avoir “appris avec surprise” leur suspension “sans préavis”, malgré un “contexte de dialogue pourtant soutenu et constructif” avec l’autorité de régulation togolaise.
RFI et France 24 réaffirment par ailleurs “leur attachement indéfectible aux principes déontologiques du journalisme, comme leur soutien à leurs équipes qui délivrent chaque jour une information rigoureuse, indépendante, vérifiée, impartiale et équilibrée”.
La pression constante sous laquelle se retrouvent les journalistes togolais confirme des inquiétudes quant aux respects de la liberté de presse dans le pays. Dans le rapport de Reporters Sans Frontières de 2025, le pays perd 8 places, quittant la 113e en 2024 pour la 121e place.
Cité dans un article de TV5 Monde, Reporters sans frontières (RSF) dénonce une décision arbitraire prise par les autorités de régulation togolaises. Toujours dans cet article de TV5 Monde, Sadibou Marong, directeur du bureau pour l'Afrique subsaharienne de RSF, appelle les autorités togolaises à lever ces sanctions et à rétablir sans délai la diffusion de RFI et France 24.
Selon le Patronat de la Presse Togolaise (PPT), il s'agit d'une grave atteinte ainsi qu'une entrave à la liberté d'expression. Honoré Adontui, le président du PPT déclare au média local, Togo Breaking News :
Ces suspensions arbitraires portent gravement atteinte à la liberté de la presse et constituent une violation flagrante du droit fondamental à l’information, dans un climat politique déjà tendu.
Le PPT en appelle à la responsabilité de la HAAC, l’invitant à revenir à un dialogue constructif avec les médias et à ne céder à aucune pression politique, sous peine d’écorner davantage l’image du pays sur la scène internationale.
Alors que les professionnels de médias et organisations de défense de la liberté de presse s’inquiètent, certains, sur la toile, se réjouissent de la suspension.
Sur X, RFI poste sur son compte :
RFI et France 24 suspendus pour trois mois au Togo
https://t.co/sU0zOCWFXh pic.twitter.com/cMjM68eOgY
— RFI (@RFI) June 16, 2025
Les commentaires sous cette publication confirment le sentiment de haine qui est nourri à l'endroit de ces médias français.
Quelle bonne nouvelle ! Je déplore juste que ce soit pour 3 mois .
Ça devrait être une suspension à vie , pour ces médias négriers et coloniaux, et neo-coloniaux, spécialisés dans la désinformation, la manipulation de masses, la déstabilisation et le terrorisme !— ntu_zut
(@ntu_zut) June 17, 2025
Un autre compte au nom de Narcisse Sanou soutient:
Si vous ne chassez pas ces médias de mensonges, vendeurs de fausses informations et images, incitateurs de conflits, difficile d'être à vous mêmes
— Narcisse Sanou (@n_narcisse) June 16, 2025
D'autres vont jusqu'à pousser les autorités togolaises à suspendre également leur relation avec la France. C'est le cas de ce compte au nom de Sahel Info Alertes:
Ce sera le tour de la relation franco-togolaise qui sera suspendue prochainement. Ça a toujours commencé par ces médiats terroristes et puis après, paff !
— SAHEL INFO-ALERTES (ŒIL QUI VOIT, TÊTE QUI PENSE.) (@MAMANEBOUKAR4) June 17, 2025
Depuis plusieurs mois, les médias français accrédités au Togo sont dans le collimateur de la HAAC. En mai 2024, l'instance de régulation des médias togolais a manifesté sa colère à l'endroit de RFI en raison du traitement des informations en lien avec l'actualité sociopolitique, jugé inéquitable. La HAAC avait mis en demeure le média français. Le média Togo First avait écrit:
En effet, dans une lettre datée du lundi 6 mai 2024, la HAAC a souligné l'absence de neutralité et d'équité dans le traitement de l'information par RFI, ceci malgré les avertissements antérieurs. Le président de l’institution, Telou Pitalounani, a précisément déploré le fait que RFI persiste à diffuser des informations erronées concernant la situation au Togo
Cette nouvelle suspension confirme donc la méfiance de la HAAC vis-à-vis du positionnement des médias français face à l'actualité sociopolitique du Togo ces derniers jours, notamment la contestation citoyenne et les manifestations publiques qui critiquent la gestion du pays.
Le phénomène des enfants de la rue est une réalité en Colombie comme au Nigeria
Initialement publié le Global Voices en Français
Un groupe d'Almajiri au Nigeria ; capture d'écran de la chaîne YouTube de Journeyman Pictures
Les différentes versions de la langue française qui se parlent aux quatre coins du monde ne se ressemblent pas toujours. Dans notre rubrique “Les mots ont la parole”, nous mettons à l’honneur les mots ou expressions qui sont spécifiques à une région, un pays, une communauté, mais aussi les intraduisibles qu’on garde en français tels quels, ou qu’on traduit à moitié, et enfin les mots français qui passent dans d’autres langues et ne se traduisent pas, mais prennent parfois un nouveau sens.
Tous nos épisodes précédents sont à retrouver ici: Les mots ont la parole.
Aujourd’hui, nous avons choisi ces trois termes et expressions:
Gamín Ce mot d’espagnol colombien écrit avec un accent aigu sur le i et prononcé “gamine” est utilisé pour nommer les enfants des rues – en général des garçons, qui dorment où ils peuvent, errent dans la ville, volent ou mendient pour survivre, envahissent les grands rassemblements comme les matchs de foot, voyagent en bus sans payer.
Ce mini-documentaire illustre le quotidien d’un “gamín” dans Bogota, la capitale de la Colombie.
Surtourisme ce mot décrit un phénomène bien connu mais vient juste de rentrer dans le dictionnaire du Petit Robert en 2025. C’est un calque du terme anglais “overtourism” qui s’applique aux situations de tourisme intensif qui finissent par détruire la qualité de vie des habitants locaux, ou de la nature locale. De nombreux mouvements rejettent le surtourisme qu’ils considèrent comme une forme d’invasion et demandent des politiques qui protègent leur mode de vie.
Ce reportage explique le phénomène du surtourisme en Provence:
Almajiri ce mot transhumance fait partie de mots issus de la langue haoussa, parlée par plus de 55 millions de personnes en Afrique de l'Ouest, et utilisés comme tels sans traduction en français. Ce mot est toutefois emprunté au départ à la langue arabe:مُهَاجِر muhājir signifie « migrant ».
Almajiri en langue haoussa fait référence aux enfants des écoles coraniques, en particulier au Nigéria. Ces enfants sont, dans la plupart des cas, des mendiants et analphabètes qui ont du mal à s’intégrer dans la société. Certains d’entre eux trouvent leur voie à travers l’enseignement religieux, d’autres restent à la rue, et deviennent souvent la cible privilégiée de groupes extrémistes.
Si vous avez des mots ou expressions à partager pour les faire figurer dans notre rubrique “Les mots ont la parole” contactez-nous: filip.noubel@globalvoices.org ou jean.dedieusovon@globalvoices.org