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Rencontre avec l’UEJF au sujet de la censure Twitter

Fri, 15 Feb 2013 12:48:20 +0000 - (source)

Quelle ne fut pas ma surprise de trouver la semaine dernière dans mes mails une invitation au débat émanant de l’UEJD (Union des Etudiants Juifs de Dauphine) à propos de l’affaire qui les oppose à Twitter. Après m’être assuré qu’ils avaient bien compris ce que je défends j’ai accepté avec plaisir de débattre, comme je le fais souvent.

A la tribune je me suis vu rejoindre par Jonathan Hayoun (président de l’UEJF), Didier Rappaport (co-fondateur de Dailymotion) et Gérard Haas (avocat spécialisé en NTIC et CPI), le tout animé par Amandine Schmidt du Nouvel Obs (que je n’ai pas eu le temps de remercier, merci Amandine). Dans la salle trente à cinquante personnes, on est un soir de saint Valentin…

Pas de captation sonore ou vidéo ni de streaming. Heureusement dans la salle un Pirate qui va livetweeter le débat sur le compte Twitter @idfpartipirate. Ils sont partout ces pirates !

uejd_debat

Je ne peux pas retranscrire la totalité du débat du fait d’une mémoire de poisson rouge d’une part et accessoirement du fait que j’étais parti prenante au débat et donc que mon point de vue affecte forcément ce que je vais vous raconter ici. Il y a cependant des points sur lesquels je veux revenir, des réflexions que j’ai eu et des points de vue que j’ai compris un peu mieux (sans pour autant tomber en accord avec) grâce à cette formidable invention qu’est la discussion.

Ce qui est principalement ressorti des interventions qui ont précédé la mienne, à différents niveaux, est que l’action de l’UEJF était nécessaire et qu’elle n’allait pas, selon eux, à l’encontre d’un Internet libre et ouvert pour lequel ils m’ont tous assuré être. Tous se sentaient simplement plus ou moins démunis face à la réponse de Twitter qui visait à leur expliquer qu’ils n’étaient pas tenus à la loi française mais à la loi du pays dans lequel ils sont établis (US, Californie).

Un certain nombre de détails ont été donnés sur l’implication du gouvernement dans l’histoire, comment ces derniers voulaient négocier avec Twitter un statut privilégié pour les associations qui feraient dans le signalement. Cette proposition a été refusé par l’UEJF qui considère que Twitter doit se plier à la loi française et que la différence entre ce qui est recoupé sous le principe de « liberté d’expression » est à l’avantage de la France (plus restrictive donc que les USA) d’un point de vue humain comme historique.

J’ai assez vite compris que j’étais le seul à ne pas cautionner, voire à condamner l’action de l’UEJF, dans le panel des intervenants. J’ai donc commencé ma prise de parole par préciser que j’étais l’avocat du diable (rôle que j’affectionne par ailleurs vu que je considère que l’on s’épanouit mieux dans l’adversité que dans le consensus) et que bien que je comprenne les motivations, nobles, de l’UEJF, leurs effets pourraient être désastreux si l’on prend le débat autrement que d’un point de vue franco-français.

Comment en effet vouloir faire plier Twitter à la loi France et refuser demain qu’ils se plient à la loi Syrienne ou Tunisienne pré-soulèvements ? Qu’adviendrait-il alors du réseau ?

A cet effet Gérard Haas a proposé d’imposer pour toute entreprise ayant une activité en France d’y avoir un représentant légal. Je me souviens avoir crié à cette idée qui coûterait à mon avis le Net à l’union européenne (gageons que si la France lance cette idée elle sera suivie par les autres états membres) par une limitation géographique systématique excluant les pays ayant adopté cette mesure. Pour qui voudrait entreprendre sur le Net en Europe cela voudrait dire un coût supplémentaire que je ne juge ni utile ni juste dans un esprit de libre concurrence, quand on sait ce que représente le Net en termes de croissance en France et dans l’UE ce serait dommage pour quelques tweets…

A ce propos j’ai aussi expliqué que l’action de l’UEJF et l’indignation collective avaient fortement contribué à faire parler des hashtags incriminés, que la quantité de contenus réellement haineux était en fait relativement faible. J’ai cité à cet exemple l’expérience #ZombieBukkake que nous avions lancé avec @Korben et qui avait fini en trending topics mondiaux en moins de deux heures, principalement à cause de personnes se demandant d’où cela venait, se disant choqués ou répugnés… Merci à Marc Rees de m’avoir demandé de traduire le terme d’ailleurs…

Enfin, au delà de ces problématiques purement techniques j’ai soutenu que la censure ne faisait qu’attaquer un symptôme sans résoudre le mal initial, que cacher la haine ne la fait pas disparaître mais au contraire grandir. On ne tombera pas d’accord sur ce point, Jonathan Hayoun m’expliquant que beaucoup d’efforts étaient déployés sur l’évolution des mentalités mais qu’il fallait leur adjoindre de la répression… Toujours très loin d’être convaincu pour ma part.

Bref le débat s’est passé en bonne intelligence, j’ai peur qu’il ne change pas grand chose mais les quelques personnes qui aiment autant la saint Valentin que moi ont, j’espère, pu profiter d’un échange vivant et contradictoire. Pour ma part je remercie encore les autres intervenants dont je me suis enrichi du point de vue.

Au delà du débat, sur le chemin du retour pour tout vous dire, je me suis demandé quelle pourrait être la solution. Pas une solution pour ce problème là, mais une vraie problématique de gouvernance du Net. Je n’ai bien sûr pas de réponse mais quelques points me paraissent essentiels :

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