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La cyber-guerre a commencé

Vendredi 25 mars 2011

Ministère des finances français piraté, comptes GMail piratés par le gouvernement chinois, autorité de certification piratée par l'Iran, failles dans les logiciels d'anonymat (Haystack) exploitées par les dictatures, Europe attaquée et piratée depuis des mois...

Le doute n'est plus: Après des années de fantasmes sur la cyber-guerre, nous somme maintenant réellement dedans.

Mais pas comme nous l'attendions. Il ne s'agit pas de Wargames et ses missiles intercontinentaux lancés contre des pays opposés. Ce ne sont pas des états qui en attaquent frontalement d'autres par internet (même si on trouve quelques exemples sporadiques). Même les mafias russes qui piratent le PC de Monsieur-tout-le-monde pour blanchir de l'argent (Zeus) n'en sont pas le sujet.

La guerre, la vraie, elle est menée par des états contre leur propre peuple. Internet en est le champ de bataille. Ces états attaquent les entreprises multinationales qui sont au cœur de l'activité d'internet, mais ces entreprises n'en sont pas pas la cible première, elles ne sont que des moyens d'arriver à leurs fins. Les attaques répétées contre GMail, Facebook, Twitter et autres Skype perpétrées par la Tunisie, la Chine, l'Iran et autres dictatures n'ont qu'un but: Espionner les opposants et renforcer le régime.

Internet est devenu le terrain de combat de ces dictatures. Une guerre larvée sur un terrain flou, où les attaquants sont difficiles à identifier et où il n'y a pas de victimes à filmer. Elles disparaissent ou meurent loin des caméras, et on en entendra jamais parler car un opposant qui disparaît est nettement moins télégénique qu'une guerre bourrée de gadgets technologiques (regardez mes missiles Patriot, regardez ma frappe chirurgicale, admirez mes drones), ou encore un beau charnier ou des avions qui s'écrasent dans des tours. Les rapports de RSF sur la disparition ou l'emprisonnement de blogueurs et journalistes ne sont que la partie émergée d'un iceberg probablement titanesque.

Le problème est que le réseau des réseaux aide ces états à surveiller, dénicher et écraser les opposants. Peut-être que finalement Assange a raison quand il dit qu'internet est la plus grande des machines à espionner que le monde ait jamais connue.


Mais ce n'est pas la fin de l'histoire. Internet est plus que ça. Il peut aussi être un outils qui aide les peuples à se libérer. Les centaines de vidéos d'émeute fuitées des différents pays censés être coupés numériquement du monde en sont la preuve. Comment est-ce que les peuples peuvent s'en sortir ? En apprenant des hackers. Tout comme l'éducation des masses a aidé des peuples à grandir et à accéder à la démocratie, cette forme d'éducation technologique les aidera à franchir un pas supplémentaire. C'est indispensable, sans quoi la chape technologique se refermera sur eux et les écrasera. Maîtriser les technologies de communications sur internet devient maintenant le levier de la liberté.

Les multinationales attaquées telle que Google vont se défendre de manière plus virulente qu'avant, mais la population va s'y mettre aussi, bon gré, mal gré. D'ailleurs ça a déjà commencé. Entre les liaisons radio bricolées ou les accès bas-débit, les peuples commencent à utiliser ces armes technologiques pour se défendre. La bonne vieille liaison modem 56K fait écho à la rusticité d'un AK47: C'est du low-tech, mais c'est fiable et permet de se défendre. Ce n'est pas pour rien si des technologies aussi simples que l'AK sont le choix préféré des insurgés et guérilleros.

Ce combat n'est qu'un début, et n'en doutez pas: Nous devrons nous y mettre aussi, car nos démocraties occidentales sont de moins en moins des démocraties. Quant aux multinationales, elles ne travaillent pas non plus dans notre intérêt. Ce n'est pas pour rien que de nombreuses entreprises se sont faites attaquer par les Anonymous.


La cyber-guerre entre les peuples, les états et les multinationales a commencé.



Mise à jour 30 mars 2011: C'est confirmé. Le piratage de Comodo pour faire signer des certificats bidons avait pour but d'attraper (ou dissuader) les opposants au régime iranien qui essayaient de diffuser des vidéos de la journée de contestation du 15 mars.