> Julian Assange par exemple n’est pas un « lanceur d’alerte ». Snowden est un lanceur d’alerte. Snowden travaillait à la NSA, a volé des documents à son employeur et les a transmis à un journaliste qui les a publié. Julian Assange est un informaticien qui a fondé un site qui devait garantir l’anonymat et la sécurité aux lanceurs d’alertes. On reste songeur devant les années de prison qu’a dû effectuer Chelsea Manning, la lanceuse d’alerte qui avait fait confiance à Wikileaks pour envoyer ses documents. Encore plus songeur à se dire que Manning a été mis en contact avec le type qui allait le dénoncer grâce à une erreur d’Assange qui a envoyé un mail en copie au lieu de copie cachée…
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> Assange est avant tout un mâle blanc accusé de viol en Suède.
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> [Wikileaks] est une bête boite à lettre où n’importe qui peut poster n’importe quoi et WikiLeaks le rend ensuite accessible à tout le monde. Ainsi WikiLeaks contribue avec cette doctrine à faire foirer le sommet sur le climat de Copenhague en publiant les e-mails du climatgate deux semaines avant le sommet sans réfléchir au contexte ou à qui les envoient.
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> Mais l’égo du fondateur est satisfait et il peut se prendre alors pour une sorte de super journaliste rédacteur en chef d’une rédaction mondiale où il y aurait le Monde, le Guardian, le NYT, Al Jazeera, der Spiegel…
Nouveau problème de responsabilité cependant: WikiLeaks a publié les « Afghan Logs » comme il fait d’habitude, sans réfléchir aux conséquences. Ca marche quand on est une bête boite à lettres mais quand on est journaliste on a un peu la responsabilité de ce qu’on publie. Ainsi WikiLeaks a donc livré aux talibans les noms et identités des Afghans qui travaillent avec les soldats US. Sympa pour les Talibans qui ont annoncé qu’ils allaient vérifier les fichiers. Face à la controverse et en réponse aux ONG Amnesty et HRW qui lui demandaient d’expurger les noms, Assange a menacé d’exposer les secrets d’Amnesty si l’organisation ne lui fournissait pas gracieusement le staff pour faire l’editing de ses propres documents…
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> L’histoire d’Assange, sa mue de hacker concepteur d’outil démocratique à prétendu journaliste d’investigation puis à troll pro-Poutine est aussi celle d’internet, de sa promesse démocratique, de sa déception…
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> Avec le triomphe fasciste récent on s’est aperçu que les fascistes savaient parfaitement utiliser internet et s’en servir contre la démocratie et qu’internet, si il était un outil démocratique dans la main du révolutionnaire, pouvait être fasciste dans la main du fasciste.
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> Ce qui ressort maintenant, ce qui va ressortir sur Assange, est une sorte de revanche de la société démocratique sur l’internet. Cette « culture » internet qui s’est permise toutes les outrances fascistes au nom de l’amélioration de la démocratie mais qui n’a fini que par amener les outrances fascistes. C’est en ce sens que Trump est bel et bien advenu grâce aux trolls fascistes, antisémites, anti-féministes. Et Assange et son dernier grand coup, la diffusion contre Hillary Clinton des E-mails démocrates hackés par les Russes, incarne le pur produit de cette culture et de ses dérives tolérés et du résultat fasciste. Pas besoin de collusion quand on a une idéologie commune.
via Lou
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